Parfois, même la peur devient plus supportable. Elle fait marche arrière et rentre dans un trou de pierre. L’instant d’après, le soleil nocturne passe sur les corps des langues non métalliques, et on peut même entendre le fleuve qui va aux coins de la toile, de l’eau entre ses doigts. L’histoire de Samaneh Atef est dans ces alternances de la matière et du songe. La matière (mâchoire) et le songe (poisson) qui essaie une couleur verte. De multiples volontés ouvrent les mots en deux, comme des noix, comme de la viande morte. A l’intérieur, les contradictions tirent leurs petites langues. C’est pourtant le printemps, semble dire la peintre iranienne, qui tort le dessin dans de multiples directions, comme un chiffon, comme un papier rempli d’écriture noire.
Samaneh Atef poursuit avec beaucoup de courage son travail d’identification. Chaque toile épingle un fait qui participe de la mise à mort et de la venue à la vie. L’exposition de Turin, Galleria Gliacrobati, le confirme un peu plus. Les corps sont des enjeux. Dans l’épaisseur des conduits s’opposent des courants, électricités, mucus toxiques. Il est impossible de savoir qui peut emporter la partie. Ce serait comme de dire, à l’intérieur du volcan, dans la folie du feu, la robe qu’il faut mettre. Ah non, contredit l’instant d’après, la bouche d’un oiseau, redevenu oiseau, au-dessus d’un cours d’eau qui continue de l’être. C’est le printemps qui revient. Arrête d’être triste, mon amour. Téhéran recommence à fleurir. Fleur lourde, cendre bleue.
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Per altre vie, du 8 avril au 4 juin, exposition collective (Samaneh Atef, Maria Callegaro, Maurizio Fontanelli, Alessandra Michelangelo et Massimo Ricciardo), Galleria Gliacrobati – Via Ornato 4, Torino.
RC (ZO mag’)
Photos by courtesy S. Atef.
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