USA / Photographie / Nona Faustine / CHAUSSURES BLANCHES ET OMBRES NOIRES

C’est un moyen infaillible de résoudre le problème : le déplacement. Selon les moyens mis en œuvre, il est également bon de les forcer à oublier leur langue et honorer leurs morts. De cette façon, les Occidentaux ont agi, mais pas seulement. Nona Faustine est une photographe américaine très engagée dans ce combat. Elle trouve ainsi l’Amérique oublieuse de son passé. Enfin pas n’importe quel passé, celui qui est directement lié à la traite des esclaves. Des lieux majeurs liés à cette époque ont ainsi disparu de New York.

Son livre récemment publié, « White Shoes » la dépeint dans ces lieux d’histoire. Elle y pose nue, chaussée d’une paire de chaussures blanches à talons. Difficile de ne pas la remarquer :

« Je vais certainement continuer à me battre pour ma vision de la série et à l’interpeller quand cela ne me semble pas juste. Mon plus grand souhait est qu’il protège ces sites afro-américains, dont beaucoup sont encore menacés non seulement à New York, mais dans tout le pays. Comme le cimetière de Corona Queens, le Weeksville Heritage Center de Brooklyn. » Nona Faustine.

Parmi les personnes qui ont écrit les textes d’accompagnement, Rodney Seph est plus direct encore. Pour cet écrivain, la nation américaine déteste qu’on lui remette en mémoire les épisodes négatifs de son histoire. « Elle se bat contre tout un scénario culturel qui favorise généralement une attitude d’amnésie historique, n’aime pas avoir à apprendre quoi que ce soit de nouveau, idéalise les fondateurs de la nation malgré leurs idéologies suprémacistes blanches, est intellectuellement à la fois appauvri et malhonnête, et ignore le plus souvent les Noirs, en particulier les femmes noires, en dehors des contextes dans lesquels ils ne fournissent pas de divertissement. »

Rétablir ces traces d’histoires afro-américaines oubliées et perverties.

A titre d’exemple, le Tweed Courthouse, bâti à la fin du 19ème siècle sur un terrain où les corps d’esclaves africains ont été enterrés, figure dans l’ouvrage. Ce bâtiment se trouve à quelques pas de l’African Burial Ground Monument, une immense tombe de l’époque coloniale découverte dans les années 1990. Nona Faustine apparait sur l’image en train de pousser contre une colonne du bâtiment. Un peu plus loin dans le livre, en position de prière, elle est agenouillée, enveloppée dans un tissu d’or. Des images hautement symboliques et qui permettent aux générations actuelles de rétablir ces traces d’histoires afro-américaines oubliées et perverties.

White shoes, photographies de Nona Faustine, textes de Lanay Jessica, Rodney Seph et Sneed Pamela. MACK, 2021

À lire : l’interview de Nona Faustine par Jennifer S. Musawwir dans : Dans leurs chaussures: les chaussures blanches de Nona Faustine | DailyArt Magazine
RC (ZO mag’)
Photos : DR et ©NonaFaustine

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