Syrie -France / Plasticienne / Reem Yassouf / CE QUE LE CIEL ENREGISTRE

Une part de non-dit traverse le travail de Reem Yassouf. Elle pose un silence sur le fracas. Elle peint en blanc les murs noircis par la fumée et le feu. C’est ainsi que son deuil s’opère et la lente reconstruction de son monde. A aucun moment les noms de Damas ou d’Alep ne seront prononcés. En lieu et place, elle pose le silence… ou la distance. C’est d’ailleurs ce qu’elle suggérait en 2017, au moment de son exposition « Etat de siège ». Dans l’épaisseur des couches, dans ce maillage de métal et de tissu, des visages d’enfants : « Chaque matin, on se lève avec cette mémoire dont les noms ont été dérobés, disparus, régénérés, » écrit-elle alors. « Une toile entre la surface et le vide, et une couleur entre le blanc et le noir. Un corps entre la solitude et la compagnie. » 

L’intervalle, parce qu’il suggère à la fois l’apaisement et la blessure. Il est possible qu’une photographie, ou un dessin, un mouvement libre, comme celui d’une aile, se glisse entre les épaisseurs. Son récent travail « Les ombres douces » se veut une hypothèse de la rémission. Des oiseaux passent dans le cadre, ils volent sur un ciel gris, mais le mouvement laisse supposer que ce déplacement est enfin possible. Le corps n’est plus prisonnier des décombres, dans cette immobilité de la pierre écroulée. Il possède un espace dans lequel, il va. Différents matériaux-sentiments seront ainsi posés entre le grillage et le miroir, au-travers d’une possible narration que ce cadre et la surface entretiennent, par leur épaisseur, par les ombres qu’ils dédoublent, par l’abolition de l’enfermement, que le grillage continue de faire peser.

« Une sorte de théâtre d’ombre. Ici, l’image devient le symbole de mémoire d’un moment de changement. L’œuvre d’art peut être vue sous différents angles, ce qui nous laisse libre de choisir, » mentionne-t-elle, dans un document annexe et qui laisse penser que le silence commence à se dissiper. Ce ne sont pas encore des mots, mais des propositions, la possibilité d’ouvrir la fenêtre et de regarder dans le ciel, ce que des ailes dessinent. Allers et venues, traits de crayons, trajectoires articulées entre là-bas et ici, malgré le fait que… La main écrit et la toile-ciel témoigne du message éphémère.

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RC (ZO mag’)
Photos: R. Yassouf
Contact artiste: Reem YASSOUF – Artiste
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Repères:
Reem Yassouf est née en 1979, à Damas (Syrie). Elle a suivi ses études à l’Université des Beaux-arts de Damas. Son travail a été sélectionné par l’UNESCO, la Banque mondiale (Washington), l’Institut du monde arabe (Paris), la Fondation des récits culturels, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (France) et de nombreuses collections privées.
Elle vit aujourd’hui et travaille à Rouen (France).

Dernières expositions:
2021 : « De visu » et Revival, la maison de l’Université, Rouen (France).
2020: Exposition collective Nord-Norge galerie, Harstad (Norvège).
2019: Où habite mon ami ?, Maison des Arts, Malakoff (France).
2018: Dance For, Art On 56th Gallery, Beyrouth (Liban)
2017: État de siège, Galerie Europia, Paris (France).
2016: Exposition Bedtime Story, Orient Gallery, Amman (Jordanie).
2014: Cold Breezes, galerie Europia, Paris (France).
Message d’enfant, art sur la 56e galerie, Beyrouth (Liban).
2013: Dialogue, Galerie Zara, Amman (Jordanie).