Peu de gens peuvent se permettre ces images. De sentir un appareil se poser sur l’intimité de leur vie. C’est inacceptable. Si Mario Macilau le fait, c’est qu’il est de la même famille, du même lieu, qu’il a grandi dans les mêmes rues. Et si ses images sont aujourd’hui dans l’une des principales galeries londoniennes (Ed Cross), elles continuent de traduire cette appartenance. Aucun fossé, aucune distance, rien que l’empathie pour celles et ceux qui restent dans ces arrière-cours, exclus de tous genres, et sur lesquels aucun appareil, aucun regard, aucune politique ne se penchent.

avec poisson I & II2015
/2019
pigmentato e carta di cotonecm
80×120
Mario Macilau documente ainsi le Mozambique, son pays, sa détresse, dans une époque qui pose une distance permanente, carcérale, entre les couches sociales. Rien n’a changé. Post colonial est un mot d’une amertume considérable, d’un noir et blanc carbonique et insultant, un incinérateur d’espoirs.
Avant de voir ce travail (prochainement exposé à la London Art fair), il faut refaire ce parcours et imaginer l’extrême âpreté qui a précédé. Avant qu’il prenne un Nikon en mains, l’apprentissage, le lent développement de ce film.

« Enfant, je rêvais de devenir journaliste. Mais ensuite, j’ai été pris par des problèmes quotidiens. Lorsque votre vie est pleine d’inquiétude, c’est comme si l’avenir n’existait pas. Quand j’avais environ sept ans, mon père a quitté notre maison dans un township près de Maputo et s’est rendu en Afrique du Sud pour chercher du travail. J’étais plus âgée que mes sœurs et j’ai dû aider à rapporter de l’argent. » Mário Macilau (interview à la BBC, 2015)
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RC (ZO mag’)
Photos: ©Mário Macilau
Contact galerie : Mário Macilau – Biography | Ed Cross Fine Art
A lire: Grandir dans les ténèbres, Mozambique (atlasofhumanity.com)
Repères :
Mário Macilau (né en 1984) vit et travaille à Maputo (Mozambique). Il conduit différents projets à long terme liés aux problèmes sociaux : l’identité, les questions politiques, les conditions environnementales et les groupes socialement isolés.
Expositions (sélection) :
2018 : Songs of the Present, Musée de la Photographie de Saint Louis (Sénégal)
2017 : Afrique Capitales, La Villette, Paris (France).
2015 : Pavilion du Saint-Siège, 56ème Biennale de Venise
Making Africa, Vitra Museum, Weil am Rhein
Discovery Show, Fotofestiwal Łódź (Pologne)
2014 : Art from Africa and Latin America, Saatchi Gallery, Londres (GB)
2013 : The African Art Auction, Bonhams, London.
Rencontres Picha, Biennale de Lubumbashi.
The Biennale Arts Actuels, Saint-Denis, Réunion.
2011 : Pan-African Exhibition, Rencontres de Bamako (Mali)
VI Chobi Mela Photo Festival, Dhaka, Bangladesh.
Lagos Photo (Nigeria).
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