Nous grandissons à proximité d’une étable. Nos premiers pas se font à la même hauteur que la tête du chien et le bec de la poule. On se met debout et le cheval vient avec nous à la rivière. Nous sommes des enfants de la terre. Oumar Ball est de notre famille. Il se souvient et il peint cette innocence première qui nous lient tous les uns aux autres. Au bout de nos doigts, il y a le museau de la chèvre.
Que ce soit le paturage ou la lisière du désert, c’est ainsi qu’on naît et c’est ainsi qu’on devient un homme. Dans sa peinture, Oumar parle de cette maturité que l’animal nous enseigne. Il est Peul, et c’est une explication de plus, à cette nécessaire conscience. A Madrid, quatre toiles sont ainsi au mur de la Casa Africa. Il s’agit d’une collective et le nombre en est forcément réduit. Mais l’esprit qui voyage en elles pose cette question qui nous habite, tout au long de la vie. De cette terre et de ce respect, je viens.

Il y a quelques mois, l’artiste mauritanien était à Ouagadougou où son œuvre « Chimère » a remporté le premier prix de la Biennale. Il s’agissait d’un combat fabuleux entre l’hyène et le vautour. Sa grand-mère lui racontait ce récit, parole fantastique faite de ciel et de fracas. Ici, c’est une autre histoire, née de la même terre. Une langue d’humanité, qui avance à côté d’un bœuf ou d’un cabri, qui marche dans l’ombre de l’enfant, par-dessus la terre sèche, la terre dure, résonnante comme le tambour. Sa peinture est tout entière dans cette observation du monde. Les mythes, le songe de l’enfant, la main de sa grand-mère posée sur son museau. La filiation.
Mémoire en mouvement, du 25 février au 15 mai 2022 , Casa Árabe, Madrid (Alcalá, 62).
https://www.casafrica.es/…/memorias-en-movimiento-arte
RC (ZO mag’)
Photo: Oumar Ball
A lire aussi: https://atomic-temporary-175281568.wpcomstaging.com/2021/10/14/mauritanie-peinture-et-dessin-oumar-ball-la-verite-est-animale/
Laisser un commentaire