Les tableaux se succèdent les uns aux autres et leur découverte (quasiment en temps réel) suggère un peu l’idée de promenade. Au cours de celle-ci, Jean-Laurent Koné Zié montre et parle de ce qui lui tient à cœur. Il marche et il partage avec vous ces idées nouvelles qui le traversent.
Vu il y a une semaine, ses dernières œuvres. Tout de suite, l’impression qu’une chose s’est passée. Et ce n’est pas seulement le fait qu’il ait laissé momentanément le pointillisme dont il fait d’ordinaire ses personnages et ses parodies. La peinture arrive de manière différente, plus rapide, plus vive, sortie du tube, encore liquide, comme une phrase qui court.
Sur la toile (qui s’intitule « Fraternité »), deux personnages manifestent l’un pour l’autre, le bonheur de se retrouver. Dans la même série, « les Enfants du soleil » fonctionnent de la même manière : la proximité, une sorte de joyeuse urgence. Les mains se touchent, les bras se referment et la couleur est celle d’un heureux emballage, comme dans un tableau des années soixante, en Occident. Là-bas au loin, de l’autre côté de l’océan. Jean-Laurent Koné Zié sourit. Parce que c’est de cela dont il parle justement. De cette difficulté d’entretenir la parole et le lexique fondateur. Et de la nécessité de retrouver le vocabulaire.
« Lorsque je scrute notre culture matérielle et immatérielle, nous disposons de tant de matières et de thématiques pour nous exprimer. Et voilà, nous les délaissons pour un tissu hollandais. » Et sa main se met à scander ce qu’il vient d’évoquer. Elle imite le bruit répétitif de la machine qui imprime le motif. Ce dessin imprimé à des millions d’exemplaires témoigne d’une occupation commerciale et culturelle (ce qui est la même chose). Il est dans l’épaisseur de la toile, sous cette merveilleuse couleur acrylique, dans cette clarté du message publicitaire.

Donc ? Jean-Laurent Koné Zié entre en résistance. Dans le tableau intitulé « Transmission » (janv. 2022), issu de cette même série, il utilise à nouveau les pigments minéraux, les poudres premières, les sucs végétaux qui font le sens autant que la lumière. L’acrylique et les coloris fondateurs. » La toile est teinte au préalable avec des oxydes naturels et savoir-faire ancien tout en reprenant les symboles traditionnels senoufo, akan… », comme s’il s’agissait d’une conversation, dans les mots d’aujourd’hui, entre des époques, des lieux, des moments de soi. La promenade est dans le tableau, au moment d’engager son avis, sans que ce soit une soumission à l’autre, mais une modernité. « J’aime l’idée d’avancer, en me souvenant de l’endroit d’où je viens. La clarté est à l’intérieur, pas seulement sur l’emballage. » Dit-il.
« Lorsque je scrute notre culture matérielle et immatérielle, nous disposons de tant de matières et de thématiques pour nous exprimer. Et voilà, nous les délaissons pour un tissu hollandais. » Jean-Laurent Koné Zié
Fraternité, acrylique sur tissu teint, 1, 50 x 1, 20 m (2022).
RC (ZO mag’)
Photo : © Jean Laurent Koné Zié
Contact : https://www.facebook.com/ziejeanlaurent.kone
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