Des morceaux d’histoires, des instants tus, dans un silence qui peut être de la pierre ou une herbe sèche. Danae El Hadrouji poursuit un travail d’humanité et de recouvrance. Ses tableaux fonctionnent comme de puissants instantanés… qui se souviennent.
Dans son travail, le temps n’est pas interrompu. Le dessin entretient une mémoire qui brouille constamment la lecture immédiate. On sent que la « chose » est arrivée, et qu’elle ne date pas d’hier. Les éléments qui la composent sont en partie effacés. Des fragments d’écriture apparaissent, mais que recouvre un pré-enduit, une tentative incomplète d’effacement.
Avec ces trois femmes, vient une autre composition. Les trois visages pourraient appartenir à trois générations, trois cheminements, qui tiennent à l’âge sans doute. Mais au contraire de l’homme, représenté en parallèle, l’humanité prend le pas sur la souffrance. Le dessin existe dans une continuité sereine, une verticalité construite, il échappe à ces ratures, à ces cicatrices qui caractérisent d’ordinaire les dessins de Danae El Hadrouji.
On ne va chercher à savoir si cette femme est là pour sauver, pour apaiser, si le courage lui a permis de garder ce visage, si elle peut servir d’exemple. Récupérations faciles. En tout cas, elle échappe fois au drame. La bouche est particulièrement évocatrice. Il peut en sortir autre chose qu’un cri. Les yeux sont fardés, et ce n’est pas tout à fait innocent: c’est une affirmation de liberté.
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Roger Calmé (ZO’ Mag)
Photos : ©Danae Hadrouji
@danaeelhadrouji
zoes.fr 
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