Quand il quitte l’Alabama en 1939, William « Bill » Traylor a 85 ans. Il a passé une grande partie de sa vie comme métayer dans le comté de Lowndes, pendant l’esclavage. C’est une époque de grande violence sur laquelle jusqu’ici, il n’a rien dit, ni rien dessiné.
Pendant les trois ans qui suivent, il va travailler sur les trottoirs de la ville. Sans revenu, excepté une maigre allocation publique, il dort dans l’arrière-salle d’un salon funéraire. La journée, il dessine sur l’avenue Monroe, sur du carton, avec un crayon de bois. Durant cette période, Traylor se remémore sa vie dans l’Alabama, la violence, la misère.
A cette époque, la considération pour l’art brut et « naïf » a commencé d’évoluer. En 1940, son travail attire ainsi l’attention de Charles Shannon, qui commence à le soutenir. Une exposition a alors lieu, et le public découvre cet univers où les animaux sont plus grands que les hommes, féroces, chiens noirs, chevaux immenses, mâchoires teintées de rouge. Les symboles contenus renvoient au culte du vaudou kongo, à la franc-maçonnerie, au blues. Près de 1500 œuvres ont été ainsi produites et font de Traylor l’un des artistes les plus importants de l’art brut aux côtés de Thornton Dial, William Edmondson ou William Hawkins.
En janvier 2021, Christie’s a présenté ces peintres du sud qui illustrent de façon remarquable l’expression noire américaine au lendemain de l’esclavage.
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RC (ZO mag’)Photos DR et Five Continent éditions
A lire: https://www.fivecontinentseditions.com/fr/p/bill-traylor/Bill Traylor (vers 1853-1949), Combat de deux chiens ; Homme chassant un chien, 1939-1942
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