Un tableau peut arrêter une question et tenter de lui trouver une réponse. Qu’en est-il de trois œuvres, mises bout à bout ? Ce que l’une voit, la seconde le complète ou le contredit, tandis que la troisième jette un doute définitif.
La question que pose Jean-Laurent Koné Zié pourrait se résumer ainsi : « Que nous est-il arrivé ? » Le peintre est sacrément perplexe. Entre décembre (2021) et janvier dernier, il tente de poser le problème d’une manière picturale, mais sans recourir aux réponses qu’il a l’habitude de fournir. Ce serait un mensonge que rabâcher les habituelles explications. « la crise identitaire que nous traversons fait de nous des êtres hybrides. Écartelés entre notre passé et la mondialisation actuelle « , dit-il à qui veut l’entendre. Mais pour le peindre, il décide aussi de changer de vocabulaire.
Pour commencer, Koné Zié envisage trois éclairages à son travail. Les différentes scènes vont montrer cette progressive mutation des gênes. Le recours au tryptique n’est donc pas anecdotique.


« Il n’ y a plus de fondement réel » et la conséquence de ce déséquilibre se lit dans le sujet même de la toile. Koné Zié a toujours représenté des scènes empruntées à notre quotidien. Dans cette figuration simple, notre âme est incluse, nos gestes, nos écarts, nos responsabilités de l’instant. Mais cette fois-ci, la scène se déroule sans que l’on puisse identifier totalement son motif. S’agit-il d’une danse, de la préparation d’une mariée, d’une baignade dans la lagune ? Aucun élément de réponse, si ce ne sont les regards de ces femmes et les ombres « blanches » qui les côtoient. Êtres réels, sans attribut, sans fonction, êtres irréels, mais qui marchent au même pas, dans la même absurdité.

Et pour que le trouble opère pleinement, Koné Zié « (se) libère de tout carcan. Aucune règle ne doit intervenir dans le traitement de mes personnages. » Outre la dégradation des formes et la brutalité des découpes (collages), il intervient aussi sur la matière, c’est-à-dire la « chair » du tableau. La superposition des couches participe à ce phénomène. Cicatrisation incomplète, maquillages aléatoires et pour achever la corruption des chairs, le recours à des éclaboussures, lumineuses, et hasardeuses tout autant. « Que nous est-il arrivé » ? demande une fois encore le peintre.
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Soutien, technique mixte sur toile, 1, 68 x 1, 50 m (2022).
Passage vers l’hybride, 2 m x 1,50 m (2022).
Ensemble, dispersés ou ensemble, 2 m x 1, 50 m (2022).
RC (ZO mag’)
Photo : © Jean Laurent Koné Zié
Contact: https://www.facebook.com/ziejeanlaurent.kone
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