Le cliché indélébile. L’image que vous retenez entre mille, celle qui incarne. Dans les années soixante, Steve Schapiro a consacré de nombreux reportages au mouvement des droits civiques. Il a été notamment de ceux qui couvraient les manifestations de Selma, l’une des premières grandes affirmations de la cause noire américaine. Pendant 22 ans, David Fahey (galerie Fahey/Klein, Los Angeles) l’a exposé à de multiples reprises. Il disait de lui tout simplement : « La beauté peut être une porte vers l’empathie. Ces importantes photographies ont énormément contribué à notre réveil social et politique. »

En 1963, Steve Shapiro est à Louisville (Tennessee) où il veut photographier Muhammad Ali, alors Cassius Clay, chez ses parents. A un moment de la prise de vue, le champion est venu s’asseoir sur le perron où il discute avec des gosses. Shapiro a pris un cliché, où l’on voit une gamine avec sa queue de cheval en discussion avec le boxeur. La fillette s’appelle Lonnie, elle a six ans et demi.
Cinquante ans plus tard, Shapiro reçoit un coup de téléphone de cette même Lonnie. Elle s’est rappelée à sa mémoire en lui parlant de ce moment de Louisville où les gamins étaient autour d’Ali. Et puis d’elle aussi, au milieu du groupe. Quand elle a eu 19 ans, Lonnie est retournée voir le champion et elle s’est mariée avec lui. Quant au cliché, en consultant ses archives, Shapiro s’est rendu compte qu’il n’avait jamais été publié ou imprimé. Une histoire demeurée secrète.


Ce 15 janvier, Steve Shapiro s’est éteint à 87 ans. Que l’éternité lui soit belle comme cette image. Lumineuse et indélébile.
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RC (ZO mag’)
Photo: Steve Shapiro
À lire le dossier que lui consacre l’Oeil de la photographie :
https://loeildelaphotographie.com/fr/in-memoriam-steve-schapiro-1934-2022-par-david-fahey/
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