Sénégal /peintures et collages / Soly Cissé /LE TEMPS NON PLUS

La ville est un collage parfait. On se déplace juste de quelques pas et les visages changent, les lumières, ce qui écrit sur le mur, l’avant et l’après… C’est très déroutant et formidablement réconfortant de voir tout ça qui s’organise, selon votre humeur, dans la dominante que vous choisissez, le sentiment majeur, ou l’heure GMT. On marche et sur les murs, la couleur fait une annonce sans pareille, subtile et clignotante. Ah, ce sont des informations comme seule la peinture nous en donne, faite de cyan et de ciel!

Vodoun urbain, déplacement des corps et de l’histoire, arrêt du bus à 100 m.

Quand il met une toile sous cet éclairage, c’est à dire dans un temps (ou une géographie) qui s’écoule, une toile nomade en somme, Soly Cissé travaille un peu comme ce collage urbain. Des visages sont là, des profils, une immobilité temporaire et suspendue. Par exemple, cette silhouette rouge qui arrête le regard, cette vitrine qu’habite une femme nue ou l’arrêt de ce bus qui n’est plus là où il pensait. La toile ou le dessin est tout entière dans le mouvement.

Il y a quelques jours, Olivier Sultan (Art-Z) rassemblait des petits formats consacrés à la ville. Soly Cissé montrait là  une série, intitulée « Dialogue avec l’histoire de l’art ». Ces pastels sur papier associaient des séquences d’origines diverses qui semblaient tirées d’un catalogue d’oeuvres… échappées. Le mot est employé dans le sens qu’elles sortaient de leur cadre habituel, et qu’elles allaient ainsi dans une autre histoire. Là, elles se prêteraient à un jeu. La statuette vodoun, l’oiseau sombre, ce détail d’un turban (rouge) et même la statue de Lénine, se côtoyaient, réunis par des traits, des intentions de légende, un horaire griffonné.

Notre vision de l’art aussi référencée soit-elle, explose dans ces déplacements que Cissé propose. Il est possible que… L’art est ainsi fait, par cette curiosité multiple de proposer des glissements progressifs. Il n’est pas très important de savoir qui commence le dessin, qui met le premier trait, mais de quelle manière cette chose, ce sentiment, cette abstraction prend sa liberté. Nous sommes ces personnages urbains. Notre hybridité est permanente, en nous mêmes, et à l’extérieur, dans le grésillement double de l’âme et de ce croisement entre la 42ème et ce chemin tortueux qui descend au fleuve.

Il n’est pas très important de savoir qui commence le dessin, qui met le premier trait, mais de quelle manière cette chose, ce sentiment, cette abstraction prend sa liberté.

Deux ou trois peintres marchaient dans des directions différentes. Matisse regardait à droite et s’apprêtait à traverser. Soly Cissé remontait dans un filet de couleur verte, un poisson bleu. Le troisième qui vérifiait l’heure de sa montre à une publicité lumineuse, puis doucement faisait tourner les aiguilles, ressemblait à Olivier Sultan.  Il le dirait plus tard, dans une confession à la Pravda (la Vérité), « c’était une ville hybride, sans lien avec ce que vous avions  connu  jusqu’ici. Les choses ne seront plus à cette place. Le temps non plus. » Série Dialogue avec l’histoire de l’Art, 2021 Pastel sur papier  20 x 30cm

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Villes Hybrides (Africa urbis), galerie Art-Z.
Catalogue sur demande à: https://art-z.net/
RC (ZO mag’)
Photo: by courtesy Art-Z galerie.

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