Le mécanisme de blessure est dans le travail d’Adonon une pièce essentielle. Elle est là, dans la chair et dans le tissu, une ouverture qui attend sa cicatrice, un cri qui s’apaise, des pleurs qui s’assèchent. La matière est à la confluence de cet évènement. L’instant d’avant, elle est souffrance. Et celui d’après, elle trouve une raison. La résilience appartient-elle à ce principe ? Peut-être, mais surtout elle témoigne de cette volonté d’inverser le flux, de recommencer l’histoire, de la prolonger ou de l’interrompre.

Il y a un an, alors que la Covid 19 s’installe dans nos intimités et nos sociétés, une proposition de résidence lui est faite sur ce thème. « Mon travail s’intéresse déjà à la problématique. Il fallait juste trouver entre ma démarche artistique, la résilience, et cette pandémie qui s’annonçait, une sorte de passerelle. C’est ainsi que j’ai conçu l’installation “Je suis malade” dont l’œuvre rouge fait partie. », explique-t-il.
Dans un courrier au magazine, Achille Adonon s’interroge sur le processus de la guérison. « Vivre comme un malade avide de guérison et résolument inspiré de résilience. Pourquoi les soigner ? Laissons-les vivre comme ils le peuvent. » À un moment de « sa » maladie, le plasticien pose l’envie d’en finir ou de continuer, et que du libre arbitre donc comme seul recours à l’acte de vivre. En somme, la décision de nous envelopper nous-mêmes dans ce tissu et de nous y rendre invisibles.

,
« Je suis malade », 4 x 4m, Tissu et pigments (2021)
RC (ZO mag’)
Photos : Adonon
Laisser un commentaire