Maroc / peintures / Omar Bouragba / DE CETTE ARGILE ENTRE SES DOIGTS

L’abstraction n’est pas un jeu. Elle demande une exigence permanente, sans laquelle le mensonge apparaît très vite. Il y a quatre ans, la fondation CFG décide de rendre hommage à Omar Bouragba. Le titre qu’elle choisit alors pour saluer ce peintre incontournable est révélateur. « La mémoire du corps ou les géographies de l’âme » vont retracer plus de cinquante ans de recherche. Mémoire du corps, qui enregistre l’histoire singulière et collective. Géographie de l’âme qui cartographie de façon symbolique les paysages de la pensée. Un titre qui est déjà, à l’image de l’œuvre, chemin d’abstraction.

L’argile est à l’image de cette pensée. Elle qui vient au commencement, et dont l’humain prolonge une particule infime de la compréhension.

Depuis 1959, Omar Bouragba s’est frotté à de nombreuses pistes picturales. Mais il a attendu les années 70 pour élaborer sa propre grammaire, son lexique de formes et de couleurs. Il le doit certainement aux peintres qu’il rencontre alors, Ahmed Yacoubi, Jilali Gharbaoui, Chaïbia et Abderrahman Serghini. Ce sont eux qui lui suggèrent cet espace abstrait (et spirituel), dans lequel la pensée et le geste se conjuguent. Et l’on peut dire que « l’argile éthérée » dont il fait sa dernière exposition est de la même matière. L’argile est à l’image de cette pensée. Elle qui vient au commencement, et dont l’humain prolonge une particule infime de la compréhension.

C’est à cela précisément que Bouragha s’est attelé toute sa vie. L’humilité de ce tableau qu’il n’achève jamais, qui se construit et se déconstruit, dans l’espoir de saisir un fragment de l’immense paysage et de l’éternité qui le traverse.

On sait que l’homme est discret et qu’il rechigne à l’éclairage public. Dans ce retrait permanent qui est le sien, l’exposition de Marrakech est donc une aubaine. Elle va permettre de découvrir des travaux récents qui explorent justement cette « géographie » de la métamorphose. La peinture de Bouragha est dans le changement permanent. Parce que l’eau est mouvement, et le vent aussi, que la pierre n’est pas éternelle, et qu’elle enregistre le temps, que la matière est mémoire et l’océan aussi. Il n’y a pas de formes sans l’un ou l’autre de ces composants. De l’infiniment grand à l’infiniment petit, une pensée unique régit cet ordre moléculaire, organique et atomique. Bourghaba le fait apparaître plus volontiers dans certains de ses tableaux. Disons que c’est la Lumière. Et que l’emploi de la majuscule se justifie pleinement.

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« D’Argile éthérée », du 2 décembre au 8 janvier 2022, SO Art gallery (Casablanca, Maroc)
https://www.soart-gallery.com/
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: by courtesy SO Art gallery
Contact:
Tél.: (+212) 661 453 705

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