« Ne continuez pas à planifier, peignez ! » Cette petite phrase de Sam Ovraiti remonte à 1983, alors qu’il enseigne à l’École polytechnique d’Auchi. Et elle peut assez bien introduire le cheminement du peintre nigerian. Même s’il enseigne et donne des conférences, Ovraiti place la pratique comme le seul chemin à suivre. Peindre en abondance, tenter toutes les expériences, suivre son instinct. C’est un conseil de liberté qu’il donne, et qu’il adopte en permanence.
S’il est un maître de l’aquarelle, s’il a défendu avec enthousiasme des médiums comme la craie et le pastel gras, au final ses toiles ont opté pour l’huile. Sans doute trouve-t-il dans cette matière le meilleur conducteur de lumière. Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit : la lumière qui est le lien, qui est la possibilité de voir, de comprendre et de se construire. C’est-à-dire de peindre.

Il n’existe avec Ovraiti aucune rupture entre la toile et la main qui la réalise. En ce sens que le tableau n’est pas un lieu antagoniste. Dans un article qu’il lui consacre, Dozie Igweze (HourGlass gallery) parle d’une personne remplie d’empathie, qui peint avec une grande facilité et une joie permanente.
La lumière qui est le lien, qui est la possibilité de voir, de comprendre et de se construire. C’est-à-dire de peindre.
Les huiles qu’il a réalisées durant ces trente années respirent la même atmosphère. Ce sont des matières limpides, dans la forme et le fond. L’impression est celle d’un matin qui se lève, d’une clarté qui arrive comme une évidence et qui éclaire un instant de vie. De cette rencontre possible, les personnages (et celle ou celui qui regarde la scène) retirent un réel bonheur. C’est de l’apaisement peint, d’une lucidité tranquille. Est-ce que le mot « lucide » n’inclut pas l’avancée de la lumière ?


Dans le choix des peintures que Dozie Igweze propose, cette permanence lumineuse traverse les années. « The Eve » réalisé vers 2006 pose de manière classique le même besoin limpide qui prévaut, dans les dernières toiles de 2021, à l’image de la série « Solitude ». Qu’il s’agisse de personnages (« Faces »), de groupe (« Procession ») ou encore d’une recherche abstraite (« Orange », 2016) : ce sont les mêmes instants paisibles à l’image de cet homme, en barque, qui glisse dans la pâleur de l’aube. Ou encore de ce « Nouvel Agenda (2018) », qui rappelle l’image d’un marché flottant. Et l’on retrouve ici la parenté d’Ablade Glover (Ghana), cette envie de plonger depuis un point élevé, une sorte de terrasse, dans la lumière liquide. La toile est là, fenêtre ouverte sur le miracle de la fusion.
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Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: Sam Ovraiti et by courtesy HourGlass gallery (Lagos).
L’art de Sam Ovraiti | Galerie de sabliers (hourglassgallery.com)
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Repères
Sam Ovraiti est né à Zaria (Nigeria) en 1961. Il a fait ses premières études à Warri (Edo). Puis iI rejoint le département d’art de l’École polytechnique fédérale d’Auchi, diplôme obtenu en 1983. En 1993, il quitte Auchi et s’installe à Lagos pour pratiquer l’art à temps plein.
Expositions:
2020: Africa Now, OpenArtExchange, Schiedam (Pays-Bas).
Pluie d’octobre, Résilience, Musée national, Lagos (Nigeria).
2019: Sam Ovraiti: Rétrospective de 36 ans de romance avec le langage des couleurs, Alexis Gallery,Lagos.
Moremi, une vue des maîtres, Alexis Gallery,Lagos.
Une exposition de maîtres de l’art contemporain, Alexis Gallery, Lagos.
2018: Harmattan Workshop Results, Galerie Alexis, V.I Lagos (Nigéria).
Infinite Treasures Terra culture, Lagos.
Résultats de l’atelier Harmattan, Lagos.
Complexe de la Cour d’arbitrage, Lagos.
The Bloom 1, Galerie Alexis, Lagos.
2016: Infinite Treasures 2, Culture Terra, Lagos.
2014: Un nouvel ordre, Terraculture, V.I Lagos.
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