Bénin / Peinture / Ninon Aglingo / UN GRAND SERPENT PROTÈGE LA VILLE

On peut imaginer ce que l’on veut. Libre à chacun(e) de voir ce grand corps comme un diable ou une divinité. Mais ici nous sommes en terre vodoun. Avant d’entrer dans la toile, que tes pensées soient pures et tes intentions non-belliqueuses. Le temple est gardé par cinquante d’entre eux, dangbé ou hon, anneaux sacrés dont la vie est aussi précieuse que celle d’un homme. Il est de même de la toile, qui est une porte sur le monde sacré. Ninon Aglingo l’a-t-elle conçue pour une autre raison ?

Dans le corps vivant, existe aussi le corps défunt. Concordance des temps.

Rien de terrifiant donc, au contraire : la présence du Grand Python, dan ou hon chez les Adja, les Houéda et les Goun, est une promesse de prospérité et de paix. L’animal, tout comme le cobra et la vipère, sont des représentations apaisées. La peintre rétablit ainsi une mémoire bien plus ancienne, d’avant le christianisme et la représentation que les Blancs en ont faite. Ninon Aglingo est d’abord dans cette appartenance. Puis les messages et les questions quotidiennes vont s’écrire. « Mon travail parle de choses très contemporaines, sourit-elle. La place de la femme et le respect qu’on lui doit, sont des concepts très anciens et très modernes. » Il n’y aura pas de survie, dit-elle, sans ce respect. La toile est une porte qui sépare, sans les éloigner les deux mondes. Les Dieux s’assoient à nos côtés, comme à Ouidah, la ville sacrée, gardée par de puissants reptiles.

Quant à la manière qu’elle a de peindre cette réalité du vodoun et de la vie, Ninon opte pour le pointillisme. Et ce n’est pas tant un choix technique qu’un langage très symbolique. « Le pointillisme est un ensemble de points qui constituent la matière. En soi, le point n’est rien. Seule son abondance donne la vie. C’est à l’image de notre corps. D’infimes particules qui ont un sens, la vie, quand on les rassemble ». Si bien que la toile s’organise de cette façon. Et le résultat est en tout point, un paradis retrouvé.

Dans l’une d’elles, le python offre son corps comme une balançoire et dans un autre, le serpent est une jeune femme souriante, qui regarde la mort sans s’en émouvoir. L’angoisse a disparu, les portes vous sont ouvertes.

RC (ZO mag’)
Photos: N. Aglingo


Repères:
Ninon Aglingo est née en 1991, à Cotonou (Bénin). Elle a fait des études de technologie (2011), puis s’est orientée vers la finance (Master 2 , Université Polytechnique Internationale, 2016). Expose au Bénin depuis 2014.
Contacts:
Tél.: (229) 96 763 746 / 94 708 186
E-mail: ninonaglingo@gmail.com

Expositions collectives:
2017 : 12ème Edition de l’Exposition internationale « Noudow’art », INMAAC, UAC, Abomey-Calavi (Bénin).
     7ème Festival des Arts FANM du Togo, Djassemé Novissi (Togo).
2016 : Lokossa.
2015 : Journée Internationale des Arts Plastiques du Bénin, Médiathèque, Cotonou.
     7ème rencontre internationale des arts visuels universitaires du Bénin, chez Mr Yaba Bantolé, Abomey-Calavi (Bénin).
     10ème Edition de l’Exposition internationale « Noudow’art », Cotonou (Bénin).
2014: 2ème Edition de l’atelier de renforcement de capacité des femmes artistes plasticiennes, galerie Saint Augustin, Cotonou.


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