Bien sûr, il y a des images qui disent l’histoire. Des albums remplis de visages, des ouvriers, des paysans, des fêtes, le chemin de fer, les bateaux qui rejoignent le Pacifique. Beaucoup de choses ont été écrites. Et puis il y a ce que les gens ont au fond d’eux-mêmes. Panama est comme les autres rivages des Caraïbes. Sa mémoire ne se referme pas. Elle est une longue plainte enfouie dans l’extravagante nature, dans le martellement des machines et le panache noir des bateaux.
Giana de Dier a ses yeux fixés sur l’album. Elle en feuillette les pages, elle les photographie, elle les colle et les annote, elle mentionne ce qu’il ne faut pas oublier. Les années de dictature, l’indifférence cynique de l’Amérique, la misère abyssale, l’esclavage qui jamais ne cesse et ce chantier, ce gigantesque charnier qui permet de convoyer la richesse des autres. Panama, entre 1881 et 1889, sans doute plus de 22 000 morts, noirs, venus de toutes les îles environnantes, « les conditions sanitaires, excluant absolument sous peine de décès dans les trois mois, l’emploi de manœuvres ou d’ouvriers européens, sauf d’infimes exceptions. » (Philippe Bunau-Varilla, ingénieur français)
L’exposition que propose Krystel Ann Art tient d’une plongée nécessaire. Thérapeutique, pour des millions de descendants, les plus jeunes, qui n’ont pas de mots, pas de visages, aucune trace de ce sacrifice que le livre froid et manipulé de l’histoire officielle. Dans ce travail Giana rétablit des tronçons de passerelle. Avant que l’oubli ne recouvre tout et invite à d’autres massacres.
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Krystel Ann Art, AKAA 12-14 Nov 2021 / Stand C3. Carreau du Temple, Paris.
Contact: https://akaafair.com/galerie/krystel-ann-art/
Mail: contact@krystelannart.com
RC (ZO mag’)
Photos: Giana De Dier et Krystel Ann Gallery.
zoes.fr 
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