Maroc / Peinture / Mounir Dehane, un tableau…LE SOUFFLE QUI VIENT DU LARGE

La lumière a cette capacité de dire le sentiment. La clarté véhicule des choses singulières : la colère et la tendresse, le renoncement et l’envie tout autant. À l’inverse, la couleur semble plus contrainte. Le noir, le rouge, le jaune s’attachent à des états précis, des mouvements catégoriques. Et de les amener à se contredire tout en se racontant est alors un vrai bonheur.

Il y a quelques jours, Mounir Dehane achève cette toile qui se nomme « La joie du noir ». Il faut alors oublier les poncifs habituels. Au centre de la peinture, des blocs sombres et arrondis semblent rugir une sorte de nécessité. Rien d’oppressant n’en sort qu’un souffle. Trois blocs posés dans la lumière, erratiques et incontournables.

« J’ai pensé en la réalisant que nous sommes des éléments éclatés et que de trouver une cohérence est nécessaire. En somme d’unir des fragments de nos vies… et d’en profiter pour générer de la joie. », Mounir Dehane

Cette toile est l’une des plus abstraites que le peintre ait données. Le paysage ne transparait à aucun moment, alors que la plupart de ses toiles suggèrent des lieux, l’immensité du large. Ces aplats verticaux des falaises que l’on retrouve aussi chez de Staël. Ici point de repère spatial, mais encore une fois cette lumière qui serait la même sur un angle de terre, adossée au ciel, dans le vent qui vient de la mer. On insiste et on lui repose cette question : « s’il y avait un lieu, auquel la peinture vous fait songer ? »

Il hésite et parle d’un abri de pierre, où un marabout est assis, dans cette « baraka » du ciel et de Dieu peut-être. Les mots sont rares et la chance vient du cœur. Elle tient à la volonté qui rassemble l’Homme sur l’essentiel. Mounir Dehane parle de cette réconciliation des sentiments. Le noir rendu à la lumière, la joie du noir dans l’étalage grandiose du ciel et du vent.