Ouganda / Photographie / DeLovie Kwagala / « Pour nous, la liberté est douloureuse. »

Peu importe que ses photos soient montrées en Afrique du Sud, au Rwanda ou en Grande Bretagne. Mais à Kampala, ses proches se demandent toujours comment DeLovie Kwagala parvient à les publier. En Ouganda, être homosexuel(le) tombe sous le coup de la loi. L’emprisonnement est fréquent, le rejet par les familles une règle générale, de même que la non-couverture sociale, l’accès aux soins et à des aides.

Delowie est journaliste de formation. Elle a commencé à en parler au moment de ses études. Puis le hasard lui a mis en main un appareil photo. Ce sera un moyen supplémentaire de faire porter sa voix. La photographe entend montrer autre chose qu’une représentation fétichée, stigmatisée ou victimisée. DeLovie Kwagala défend une image fière et courageuse de la communauté. Ce mot a tout son sens dans un pays où, dit-elle, « la liberté est douloureuse. »

Pendant la période du Covid, la violence dans le couple n’épargne pas la communauté queer. Mais dans ce cas, aucune écoute, aucun secours n’ont été prévus.

Depuis, le travail a reçu un accueil chaleureux dans les différents pays où il était possible de le montrer. Il a été sélectionné pour le Cap Prize 2021, publié par The Gardian et le Washington Post, et nominé à de multiples reprises pour des prix de presse photo. « Quingdom » (2020) consacré à une association de défense et d’aide, puis Bery’s Place, refuge destiné aux victimes d’abus sexuel… et qui s’est avéré après enquête un lieu de violence, ont marqué les différents jurys. La retenue des images, la liberté donnée aux personnes de se représenter eux-mêmes, et le lien qu’elle tisse socialement, font d’elle un acteur important de cette reconnaissance difficile.

Cette même année 2021, DeLovie Kwagala reçoit en octobre le Prix de la Photographie d’Afrique de l’Est pour sa série « Through the Cracks » (À travers les fissures) qui parle de la violence entre partenaires intimes (IPV ). Le sujet est là encore totalement passé sous silence. Durant cette période de la pandémie, les violences dans les couples se sont multipliées. Et la communauté queer n’est pas épargnée. Seulement les personnes agressées n’ont ici aucun lieu d’écoute, aucune assistance à espérer.

Les images que propose DeLovie Kwagala donnent enfin la parole à ces victimes. Le reportage, une fois encore publié par The Gardian est sans appel. Il faut voir ces images… et lire les textes qui les accompagnent. Ils parlent de l’enfermement et de l’acceptation de la violence, de la solitude quotidienne, de la menace qui jamais ne s’éloigne. Ils parlent de notre humanité.

De la façon dont DeLovie pose la question, la souffrance n’a pas de genre, elle n’est pas sexuée, elle ne participe d’aucun choix. Elle est simplement inacceptable !

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RC (ZO mag’)
Photos: © DeLovie Kwagala
www.deloviephotography.com

A lire aussi  : Surviving Bery: A Girlhood Trauma — The jfa Human Rights Journal

Repères :
DeLovie Kwagala est née en 1995 en Ouganda. Photographe, autodidacte et activiste sociale de Kampala, en Ouganda, elle habite Johannesburg (Afrique du Sud).
Elle étudie actuellement à Women Photograph Mentee et Market Photo Workshop, dans un programme de photojournalisme et de photographie documentaire.

Principales expositions :
2021 : F2Foto festival, Dortmund, (Allemagne)
    Pride Photo Awards Mobile Exhibition.
    World Press Photo & APJD, Oldenburg, (Allemagne).
    Festival de Fotografia , São Paulo (Brésil).
    Looks Like Us – 2021 (Toronto).
    Kigali Photo Festival – Juin 2019 (Kigali, Rwanda).
2019: Ugly Duck, Londres (Royaume-Uni).
    Exposition Embrace Arts, Kampala (Ouganda).
    The Bantu Project – Juin 2018 (Nairobi, KA & Kampala, UG).
    UpPA women in media, Kampala.
2018: Exposition personnelle Orange Moon, Kampala (UG).
    FiveFilm Festival, Kampala (UG).

Un commentaire sur “Ouganda / Photographie / DeLovie Kwagala / « Pour nous, la liberté est douloureuse. »

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  1. Oui, la violence est tout simplement inacceptable ! Bravo à cette photographe, madame DeLovie Kwagala, pour son remarquable et courageux travail et merci de nous la faire découvrir, très bonne journée

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