La science et le rêve ont en commun d’utiliser en abondance la machine. Simple question de vocabulaire ! La couleur des tuyaux change à peine et les formules usent de pressions très semblables. Grâce à l’atome et la sphère galène, le physicien et le poète déplacent ainsi des masses de magie considérable.

Depuis les années 80, Abu Bakarr Mansaray travaille avec lucidité ce créneau combustible. Jeune adolescent, il le pressentait déjà, en détournant le fil de fer et la capsule de bouteille. En cela, on pourrait donc le rattacher à la veine surréaliste qui débute dans les années 1920 ses mécanos mystiques. André Breton, Max Ernst ou Marcel Duchamp reprenaient alors ce que les siècles précédents esquissaient déjà. La science et le rêve côtoient des territoires voisins. Les rouages sont similaires, le carburant aussi, et le magicien reste un laborantin spirituel.
« Je le considère comme le Léonard de Vinci du 21e siècle. » Jean Pigozzi
Lorsqu’il découvre le travail de Abu Bakarr Mansaray, Jean Pigozzi tient ces propos : « je considère (Abu Bakarr) comme un très grand artiste et inventeur. La complexité et les détails extraordinaires de ses machines et systèmes à la fois sophistiqués et visionnaires, contribuent à la force et à la beauté de ses dessins. Je le considère comme le Léonard de Vinci du 21e siècle. » Rien de moins.
Pigozzi ne sera d’ailleurs pas le seul, puisque André Magnin propose à l’inventeur sierra-leonais ses murs et ses éprouvettes, dès les années 90. Dix ans plus tard, fort de ce soutien,Mansaray aboutit de considérables avancées. Ce sera l’époque glorieuse du Faucon métallique, de la Résurrection de l’Allien et du Téléphone nucléaire. Les personnages avaient des oreilles pointues certes, mais les poulies était d’un métal inconnu, brillant et assez comparable à l’éclat de la lune.
On va donc caler un décollage sans tarder pour la Cité de la Science et de l’Industrie (Paris) qui sort de ses hangars différents travaux de l’inventeur. Jean Pigozzi a permis le montage de ce génial débarcadère. Des vaisseaux en tungstène y sont ancrés et des sirènes exquises lisent dans la chevelure des rouages les participes rotatifs du futur.
« Abu Bakarr Mansaray » Cité des sciences et de l’industrie, du 19 octobre 2021 au 20 février 2022.
Cette exposition a bénéficié du prêt des œuvres d’Abu Bakarr Mansaray provenant de la Collection d’art africain de Jean Pigozzi (The Jean Pigozzi Collection of African Art).
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : © Collection d’art africain de Jean Pigozzi. Photo : Maurice Aeschimann
« J’ai aussi vu toute la technologie impliquée dans la fabrication de l’AVION SORCIER. Je l’ai gardée TOP SECRET. Maintenant, je connais leurs secrets. MAINTENANT, JE SAIS COMMENT EN CONSTRUIRE UN. Le mien sera encore plus PUISSANT, parce que j’ai ajouté de la technologie supplémentaire à leur technologie d’origine. » Abu Bakarr Mansaray

Repères :
Abu Bakar Mansaray est né en 1969, à Tongo, (Sierra Leone).
Il vit et travaille à Freetown, Sierra Leone.
Sélection d’expositions :
2004-7 :« Africa Remix : L’art contemporain d’un continent/ Contemporary Art of a Continent », Museum Kunst Palast, Düsseldorf ; Hayward Gallery, Londres ; Centre Georges Pompidou, Paris ; Mori Art Museum, Tokyo ; Johannesburg Art Gallery, Johannesburg ; Moderna Museet, Stockholm.
2005/2006 : African Art Now: Masterpieces from the Jean Pigozzi Collection, Houston, Washington (USA).
2010 : African Stories, Ancienne Banque du Maroc, Marrakech (Maroc).
2014 : Ici l’Afrique, Genève (Suisse).
2015 : 56e Biennale de Venise All the World’s Futures
Biennale de Lyon 2015
2017 : Art/Afrique, Fondation Louis-Vuitton, Paris.
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