Par instant, il y a cette impression qu’elle est lร sans y รชtre. Une partie d’elle donne le change et met du rouge sur ses lรจvres. Pourtant, la minute d’aprรจs, ce n’est plus tout ร fait elle. Sans doute, Mendrika Ratsima avait un train ร prendre, un autre rendez-vous qui l’รฉloigne et roule ร pleine vitesse dans une nuit hรฉrissรฉe de pylรดnes.
C’est ainsi que les choses fonctionnent au commencement d’une vie d’artiste. Dans le pluriel et le dรฉsordre d’une chambre ร coucher, d’une chambre ร lire et ร manger, pleine de sens et de contraires, un espace plasticien sans gravitation fixe. Et pourtant le sens est lร , comme un animal qui regarde, d’une toile ร l’autre, dans des rรฉfรฉrences structurantes, ร l’image de cet hommage ร Edward Hopper. Jeune homme assoupi dans une chambre mรฉtallique, couleur de rouille.

Un peu plus tard, dans un couloir excessif (saturation extrรชme de la couleur), elle nous prรฉsente (de dos) un homme (une femme) qui… Au premier abord, le tableau est celui d’une rencontre et de la tendresse qui s’en dรฉgage. Deux mains se croisent, s’attendent et se disent. Mais l’un des personnages est dans l’obscuritรฉ totale. Il n’existe d’elle (ou de lui) que cette main. ร partir de cet instant, tout est possible.
Mendrika Ratsima pose ici une question relative. C’est existentiellement troublant, on peut s’attendre au meilleur comme au pire, mais la peinture est ร ce point rรฉussie qu’elle inspire aussi une attente paisible. Qui sont ces deux personnes, et existent-elles dans le mรชme instant? ou bien la seconde n’est-elle qu’une idรฉe, une virtualitรฉ, un espoir ? On pose la question ร la jeune peintre malgache, mais c’est รฉtrange, elle n’est plus lร .

,
RC (ZO mag’)
Photos: Mendrika Ratsima
Contact: https://www.facebook.com/mendrika.ratsim
Laisser un commentaire