Deux heures avant le vernissage, Sam Dol en était encore à la peinture et au collage. Une dernière inscription, un dernier coup de vitriol. Le titre à lui seul donne le ton. Protéiforme, la plaque métallique engage les questions fondamentales et urticantes.
Elle est en métal, galonnée de verrous répétitifs. Son cadre est hautement improbable, ses soudures apparentes. Des peaux de bêtes pendouillent et des masques caricaturaux. Un(e) ami me murmure dans l’oreille, que la peau de l’Afrique se vend un bon prix. « France- à fric » confirme l’œuvre, sur un mur de briques béton, brut de décoffrage. On pense aux cloisons d’un conteneur, on imagine les corps entassés dans la cale du tanker.

Sam Dol confirme ici une forme oubliée de l’engagement politique et frontal. Depuis ses débuts au Goethe Institut de Ouagadougou, ses expos engagent et enragent devant ce désastre que l’on impose pour la normalité. Désastre humain, naufrage culturel, abîme de l’âme et la main, dans lequel nous plongeons au son de la musique étrangère. Loin de la capitale, il habite Dano, une petite ville dans le sud-ouest. Ses expos locales parlent de la réalité. Sam Dol aime les enfants, le kilométrage qui va au point d’eau, l’accès à l’électricité, aux récits dagara et dioula. Pierre Garel, avec lequel il partage le lieu d’exposition, évoque un type carrément indiscipliné, « qui vit dans une maison, aux murs placardés de slogans et de symboles de toutes sortes ». Une sorte de maison-œuvre. On dit qu’il fait des affiches très brutales, et en un seul exemplaire.
Pour en revenir à cette plaque, le jaune est très réussi et les badigeons aussi.
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« France-à-fric, insécure au secours ». Acrylique, bois et cuir sur tôle, 1, 20 x 1, 60m (2021). Exposition « Insecure », jusqu’au 28 octobre, galerie-atelier 11 arbres, Ouagadougou.
RC (ZO mag’)
Photo : Sam Dol
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