Burkina-Faso / Sculpture / Issiaka Savadogo IMPLACABLES POST-FÉTICHES

Deux fétiches s’affrontent. Il sont de deux pays lointains. L’un est mangé de soleil, l’autre noyé de brume. Ce monde est une mythologie fondue dans des matériaux réels. Issiaka Savadogo en sait quelque chose. Dans un garage de Ouagadougou, il a commencé par travailler la mécanique. Voilà un métier fondateur, que celui de mettre les mains dans les entrailles du bestiau automobile. Fétiche assez formidable que le moteur à explosion. Et il arrive que sa route croise celle d’un esprit mossi, plus ancien, mais fait d’une matière similaire, articulée et fondamentale. Issiaka est sorti de l’atelier mécanique pour devenir sculpteur. L’histoire était là en pièces détachées. Il fallait maintenant remonter la créature.

Le pouvoir est une roue dentée… et l’oppression qui en résulte aussi.

Il y a une photographie qui montre un détail de « Révolu », présenté à Revel en 2017, dans une exposition montée par Michel Battle. Cette statuette concentre tous les éléments dont Issiaka reconstruit son univers. Le socle et une partie du corps sont des plateaux de vélo. Le fétiche occidental fonctionne en grande partie sur la vitesse, l’extraction et la transformation de l’énergie. Le pouvoir est une roue dentée… et l’oppression qui en résulte aussi. La seconde partie de l’œuvre montre la moitié du visage fétiche. De sa boîte crânienne, jaillissent des ressorts et des chaînes vélocipédiques.

Créature mutante ? Peut-être. Êtres composites, pensée bidouillée, faite de bric et de brac, d’aciers polis et de rouilles indigestes, fonctionnelles autant qu’inutiles. Visages impassibles et fonction chronophage.

Présent lors de la première biennale de Ouagadougou (2019), Issiaka est également cette édition 2021, au-travers de l’exposition de l’agence Deneulin. Il sera aussi à Paris en novembre prochain, montrer dans cette capitale de la brume ses fétiches réalistes. Peu importe le lieu depuis lequel on les observe. Ces mécaniques organiques et philosophes arpentent du même pas implacable, la résonance de nos villes et de nos vies.

,

« Esprits, formes et objets », Agence Deneulin aux Ateliers Maaneere, Biso 2021, jusqu’au 23 octobre.
https://deneulin.fr/exposition-esprits-formes-et-objets/

Roger Calmé (ZO mag’)
Photos DR et by courtesy Agence Deneulin

Repères:
Issiaka Savadogo est né en 1979, à Abidjan (Côte d’Ivoire). Il est arrivé au Burkina-Faso, à l’âge de six ans et a grandi dans le village d’où ses parents sont originaires.
Ses débuts dans la sculpture datent de sa rencontre avec Alain Combes qui tient une galerie à Ouagadougou.

Expositions:
2017: Atelier de Michel Battle, Revel (France).
2018: Exposition à la Galerie 22, Toulouse (France).
2019: participation au Biso, première édition, Ouagadougou (Burkina Faso)
2020: Retour sur Biso, Institut français, Ouagadougou.
2021: « Esprits, formes et objets », Agence Deneulin aux Ateliers Maaneere, Biso 2021, Ouagadougou.

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :