Maroc / Peinture / Mounir Dehane / DE QUELLE FAÇON LE PAYSAGE…

Parfois, le paysage inspire l’abstraction. C’est dans ses volumes, dans le déplacement de la clarté et les masses que font les collines et le ciel. Mounir Dehane évoque d’abord cette possibilité. Puis il parle d’un sentiment plus complexe, qui pourrait être le rapport au monde qui nous entoure, notre relation à l’autre. Il faut inventer un mot pour ça, et l’abstraction le lui fournit. Cette forme qui se délite (ou se recompose), cette couleur qui va dans des lavis, suggèrent des rivages et des corps, qui seront au plus près de l’émotion, et de la compréhension de son environnement. Un homme, une immensité, dans laquelle trouver sa place et sa cohérence. Le passage à l’abstraction est à chercher dans ces parages.

L’évidence d’une rencontre qui se dessine. De quelle façon la vivre et la représenter, ou encore d’y trouver notre place ?

Paysage donc. « A un moment je l’ai beaucoup peint. J’aime beaucoup les lieux autour de Chemaia, une petite ville où j’ai grandi entre Marrakech et Safi. Peut-être que la première couleur dont je me souviens, elle est là, dans l’ocre. Et puis en 2007, j’en suis venu à peindre différemment. » Et il parle alors de Nicolas de Staël, parce que c’est justement la synthèse la plus aboutie qui soit d’un paysage dans sa compréhension de la lumière et des masses qui naviguent dedans. Le paysage encore, mais par un grésillement de messages qui recomposent la forme, comme un morceau de musique. Et c’est ainsi qu’il faut voir ce tableau de Mounir qui s’appelle « Anxiété » et que les musées du Maroc ont récemment acquis.

Dans une articulation de la pensée arabe et de sa voisine occidentale… sous un ciel d’Afrique, dénominateur pictural.

La peinture et la musique ont en commun le mouvement. Ce sont pas des instants arrêtés. Les paysages fonctionnent de la même manière. Mounir Dehane ne cherche pas à fixer un instant, mais à comprendre le déplacement qui mène à un point de rencontre. Le croisement est un sentiment, une confrontation d’histoire, un métissage aussi, dans une articulation de la pensée arabe et de sa voisine occidentale… sous un ciel d’Afrique, dénominateur pictural.

« … ne s’opposent-ils pas ? »

« Anxiété » déplace des questions dans l’épaisseur de la toile, dans la texture des mots et des silhouettes. Il faut aller au bout de cette interrogation. Comme d’un énoncé d’équation, humaine et incertaine.

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« Anxiété », technique mixte, acrylique sur toile, 1, 30 x 1, 50m (2020).
RC (ZO mag’)
Photo: M. Dehane

Repères:
L’artiste est né en 1978, à Kenitra (Maroc) . Il a suivi des études de linguistique (licence), domaine dans lequel il enseigne.
Depuis 2010, le peintre a exposé à de nombreuses reprises au Maroc, en Espagne (2011) en Allemagne et en France, dans le cadre d’Art Pluriel (Chaussin, Jura, 2016 et 2017) et du salon Printemps des arts (Bernay, 2018).
Contact: https://mounirdehane.com/

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