Dans la langue peule, la femme se dit: rewbe. Ce qui signifie « ๐ค๐ฆ๐ญ๐ญ๐ฆ ๐ฒ๐ถ๐ช ๐ด๐ถ๐ช๐ต » ou « ๐ค๐ฆ๐ญ๐ญ๐ฆ ๐ฒ๐ถ๐ช ๐ด๐ฆ ๐ด๐ฐ๐ถ๐ฎ๐ฆ๐ต ». Cette condition est une qualitรฉ fondamentale. Toute femme qui refuse de s’y conformer sera traitรฉe de « ๐๐ข๐ข ๐ฅ๐ถ๐ฎ ๐ฅ๐ฆ๐ฃ๐ฃ๐ฐ » (ce n’est pas une femme). C’est ainsi. Toute sa vie, elle va supporter cet รฉtat et s’en protรฉger. Voilร justement ce que Ernest Dizoumbe traite dans cette sรฉrie qui s’intitule « Mask on mask ». Le titre ne souffre d’aucune ambiguรฏtรฉ.

Hawa est une femme sans visage et sans identitรฉ sociale. Elle vit sous le voile, dans le noir du nom, dans l’absence de tout signe distinctif, de toute affirmation. Dizoumbe l’a peinte sous la clartรฉ cรฉleste du bleu pรขle, รฉvocateur de bรฉatitude et d’accord divin. Il fait remarquablement bon d’รชtre une femme, reconnue comme telle, dans une sociรฉtรฉ qui sourit, parce que les bibelots sont ร leur place. Aucun bruit parasite ne viendra dรฉranger cette ordonnance. Le thรฉ attend et parfume la piรจce de menthe et de rose.
Toute femme qui refuse de s’y conformer sera traitรฉe de « ๐๐ข๐ข ๐ฅ๐ถ๐ฎ ๐ฅ๐ฆ๐ฃ๐ฃ๐ฐ » (ce n’est pas une femme).
« »๐ ๐ฆ๐ด๐ด๐ฐ ๐๐ข๐ธ๐ข » ๐ฆ๐ฏ ๐ฑ๐ฆ๐ถ๐ญ๐ฉ ๐ด๐ช๐จ๐ฏ๐ช๐ง๐ช๐ฆ ๐ญ๐ฆ ๐ท๐ช๐ด๐ข๐จ๐ฆ ๐ฅ๐ฆ ๐๐ข๐ธ๐ข, ๐ซ๐ฆ๐ถ๐ฏ๐ฆ ๐ง๐ช๐ญ๐ญ๐ฆ ๐ฒ๐ถ๐ช ๐ฅ๐ฆ๐ท๐ช๐ฆ๐ฏ๐ต ๐ง๐ฆ๐ฎ๐ฎ๐ฆ ๐ข๐ถ ๐ง๐ฐ๐บ๐ฆ๐ณ, ๐ด๐ฆ๐ญ๐ฐ๐ฏ ๐ญ๐ฆ ๐ฎ๐ฐ๐ฅ๐ฆฬ๐ญ๐ฆ ๐ช๐ฅ๐ฆฬ๐ข๐ญ ๐ด๐ฐ๐ถ๐ฅ๐ข๐ฏ๐ฐ-๐ข๐ณ๐ข๐ฃ๐ฐ-๐ฎ๐ถ๐ด๐ถ๐ญ๐ฎ๐ข๐ฏ. ๐๐ข ๐ฒ๐ถ๐ฆ๐ด๐ต๐ช๐ฐ๐ฏ ๐ฆ๐ด๐ต ๐ช๐ค๐ช ๐ค๐ฆ๐ญ๐ญ๐ฆ ๐ฅ๐ถ ๐ฅ๐ฐ๐ถ๐ฃ๐ญ๐ฆ ๐ฎ๐ข๐ด๐ฒ๐ถ๐ฆ, ๐ฑ๐ด๐บ๐ค๐ฉ๐ฐ๐ญ๐ฐ๐จ๐ช๐ฒ๐ถ๐ฆ ๐ฆ๐ต ๐ด๐ฐ๐ค๐ช๐ข๐ญ ๐ฒ๐ถ๐ฆ ๐ญ๐ฆ๐ด ๐ง๐ฆ๐ฎ๐ฎ๐ฆ๐ด ๐ข๐ฃ๐ฐ๐ณ๐ฅ๐ฆ๐ฏ๐ต ๐ค๐ฐ๐ฎ๐ฎ๐ฆ ๐ฎ๐ฆฬ๐ค๐ข๐ฏ๐ช๐ด๐ฎ๐ฆ๐ด ๐ฅ’๐ข๐ฅ๐ข๐ฑ๐ต๐ข๐ต๐ช๐ฐ๐ฏ, » explique-t-il. Et pour l’illustrer, il recourt « ๐ข๐ถ๐น ๐ฑ๐ฐ๐ด๐ฆ๐ด ๐ฅ๐ฆ๐ด ๐ซ๐ฆ๐ถ๐ฏ๐ฆ๐ด ๐ฎ๐ข๐ณ๐ช๐ฆฬ๐ฆ๐ด, ๐ฅ๐ข๐ฏ๐ด ๐ญ๐ฆ๐ถ๐ณ ๐ฆ๐ฏ๐ท๐ช๐ณ๐ฐ๐ฏ๐ฏ๐ฆ๐ฎ๐ฆ๐ฏ๐ต ๐ช๐ฏ๐ต๐ช๐ฎ๐ฆ, ๐ง๐ฆ๐ด๐ต๐ช๐ง ๐ฆ๐ต ๐ฑ๐ข๐ณ๐ง๐ข๐ช๐ต๐ฆ๐ฎ๐ฆ๐ฏ๐ต ๐ฉ๐บ๐ฑ๐ฐ๐ค๐ณ๐ช๐ต๐ฆ. »
La superposition des identitรฉs, aussi fausses les unes que les autres, est en somme la seule faรงon de survivre. A cette toxicitรฉ des convenances, des rรดles attribuรฉs, de l’honneur et de la famille, impossible d’รฉchapper… Le visage d’Hawa n’a pas de nom et pas de visage non plus. Elle n’existe pas dans ce monde, ni dans la piรจce d’ร -cรดtรฉ. Peut-รชtre ailleurs, dans un rรชve auquel, seule, elle aurait accรจs.
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Yesso Hawa, acrylique et posca, 1, 40 x 1, 60 m. (septembre 2021)
RC (ZO mag’)
Photo: DR et E. Dizoumbe
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