Collectif. Au Mali, ce mot a un sens. Ici les vieux ouvrent leurs ateliers, ils aident les jeunes à grandir. Et puis les artistes réfléchissent à plusieurs. Amadou Opa Bathily en est convaincu, tout comme sa peinture. Attentive et profondément humaniste. Quand l’époque est à la distance et aux portes refermées, de se mettre autour d’une table et de réfléchir est un réflexe de bon sens.

« Le 20 avril 2020, en pleine pandémie, on est trois jeunes artistes, issus de la même promotion du Conservatoire des arts de Bamako, à se dire que cet atelier, on va le faire ensemble. Comme on est de Medina Koura, on a pris la première lettre. Ca va s’appeler Atelier M., et franchement ça sonnait plutôt pas mal. » Il rit. Amadou Opan Bathily est un type rempli d’une saine énergie. L’atelier sera à cette image, un endroit ouvert, où on peut prendre les choses par le bon bout. Peindre, monter des projets sociaux et urbains, garder le contact avec la rue. Elle passe juste devant la grille. Elle multiplie les sujets et la lumière qu’il faut poser dessus.





Si vous regardez la carte de Bamako, l’Atelier M. est entre les deux principaux marchés de la capitale, et à peine un kilomètre-et-demi du fleuve Niger. « Mon premier atelier était vraiment minuscule, à peine 4 m², à côté du marché artisanal, à Ngolonina. J’étais là, tout seul avec ma folie. C’était vraiment l’opposé de ce qui se passe maintenant. Notre relation remonte loin et c’est comme ça qu’on nourrit nos projets. Des choses faites ensemble, qu’on met bien solidement par terre… et qui prennent racine »
Il sort de son ordi des images de la Tour d’Afrique, repeinte en novembre 2020. Des rues en couleurs, des résidences au pluriel, à l’image de « Quartier Libre », espace Siif Arts (décembre 2020), et qui regroupe onze artistes émergents du moment, pour ne citer qu’Abdoulaye Diakité, Ange Dakouo, Souleymane Guindo ou Mohammed Diagabaté.
« Aujourd’hui, je pense que je passe 95% de mon temps dans l’atelier. » Les discussions, c’est ici, les rencontres avec les galeries bien sûr, les débats sur la peinture, d’écouter de la musique, de lire, de boire le thé. Le lieu a pris ses marques, il fait même figure de « refuge », pour des artistes qui ont du mal en cette période, tournée vers l’obscur. À l’opposé, l’endroit est clair, la lumière entre comme il convient, par les fenêtres et les portes, « ouvertes chaque jour de 8h du matin à plus de 23 h. » Les journées sont vraiment trop courtes pour suivre des horaires bureaucratiques.
« Mon premier atelier était vraiment minuscule, à peine 4 m², à côté du marché artisanal, à Ngolonina. J’étais là, tout seul avec ma folie. » Amadou Opa Bathily
Pour l’instant, on ne va donc rien changer. Les expositions se succèdent, quelques galeries étrangères posent un œil attentif sur sa production et celle de ses collègues. Rien changer, mais peut-être un jour, de pousser un peu les murs. « J’aime beaucoup l’Atelier, et en même temps, Médina Koura est connu, parce qu’il est résidentiel. Les grands sportifs ont leur maison ici. Je penserai plutôt à une zone plus populaire, comme Niarela. J’aime cette densité de population, le quotidien, la vie sociale. »
S’en aller de l’autre côté de la nationale où les rues ne sont pas des numéros, tracées à l’équerre. Où les jardins paillent d’enfants et d’oiseaux, où les gens parlent haut et fort, alors que le soleil se couche sur le grand fleuve. C’est comme une peinture ? C’est la peinture !
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RC (ZO mag’)
Photos: Photos: DR, collection de l’artiste.
African Arty présente actuellement le travail d’Amadou Opa Bathily et le représentera désormais. https://africarty.com/artists/amadou-opa-bathily/
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