Le combat est une chorégraphie (parfois). Des lois, des instants d’équilibre et de folie alternent, qui interrompent l’espace ou le prolongent. La peinture de Peteros Ndunde (Kenya) est de cette nature. Elle peut chorégraphier une architecture, un baiser et même la lumière. Tout est mouvement. Tout est précaire, instable, et le peintre tente d’arrêter la chute et de la sublimer. Le corps plonge (ou s’envole), le corps s’interrompt et continue de danser.

Il y a un art au Japon, qui s’appelle « origami » et qui consiste à plier le papier. Il s’agit d’une pratique traditionnelle, venue de Chine, vers le 13ᵉ siècle. A l’origine, il servait dans les rituels bouddhistes. Un pliage subtil, d’une complexité et d’une maîtrise parfaite… et auquel on pourrait associer le travail du jeune Kényan. Ses personnages, saisis dans l’effort, dans la forme et l’esprit, semblent assemblés de la même manière. Des combattants dans une parade de mort et d’amour, sont d’essence mécanique et angulaire, confrontés à l’implacable gravitation. Leurs bras, leurs épaules, leurs étreintes sont à l’image de cette existence figurée dans le rituel: une apparente simplicité qui cache la grande complexité du récit. Ici, ce sera le geste qui accouche du récit. Une inlassable répétition des lignes et des points… qui contient en elle une parenté au kata.
“Dans mon processus de création, explique-t-il, je décompose les choses en me concentrant sur l’aspect le plus important. La décomposition me permet d’en venir à la charpente du geste (ou du sentiment), que je vais reconstruire ensuite progressivement, en superposant des traits jusqu’à ce que la forme soit atteinte. » En somme d’explorer le mécanisme le plus intime, pour en révéler les articulations, le déséquilibre autant que la stabilité.
« La décomposition me permet d’en venir à la charpente du geste (ou du sentiment), que je vais reconstruire ensuite progressivement (…)
« Mon travail explore les expériences de la vie quotidienne et les énormes effets d’entraînement qui découlent de nos actions. En effet, la plupart des interactions quotidiennes ont d’énormes conséquences psychologiques et sociales pour un individu. Je l’approche donc de façon minimaliste, ce qui est pour finir une métaphore de toute cette complexité de l’existence. » explique-t-il, au moment de rejoindre l’Akka Project de Venise et certainement d’étudier en Italie des sujets plus classiques, mais qui respectent des dynamiques similaires.
L’origami figure dans le papier, sans le moindre artifice, toute la beauté synthétique de la vie. L’origami est fragile. Le dessin de Peteros Ndunde est de la même substance. Simple et fragile, à l’image de cette existence, comme d’un pliage éphémère.

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Roger Calmé (ZO mag’)
Photos DR et © Peteros Ndunde
https://akkaproject.com/portfolio/peteros-ndunde-kenya-2/
Akka Project Venezia, Ca’ del Duca 3052, Corte Duca Sforza, 30124 Venezia VE, Italy
Repères :
Peteros Ndunde est né en 1996 au Kenya. Il achève aujourd’hui ses études d’arts. Travaille et vit à Nairobi.
Expositions et foires d’art
2019: Aftermath of aftermath, exposition de groupe, Brush Tu art studios, Nairobi (Kenya).
Projet TEN645, collective, Canada. Projet TEN645, collective, Nairobi (Kenya). 2018: World Art Dubai, expo de groupe, Dubai World Trade Center (Émirats Arabes Unis)
Foire internationale d’art de Tokyo, collective, Tokyo (Japon)
2017: World Art Dubai, Dubai World Trade Center (Emirats Arabes Unis).
Kenya art fair, collective, Sarit center, Nairobi (Kenya).
2016: Aftermath and aftermath, expo collective, collectif d’artistes Kuona, Nairobi.
Kenya art fair, collective, Sarit center, Nairobi.
The Untitled, collective, galerie d’art Polka Dot, Nairobi.
Superbe!!!
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Super article 🙂 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Intel-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 🙂
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