Il y a des fois où l’on aimerait bien savoir la date d’un tableau. Pour comprendre le moment, pour le relier au restant. Où le placer dans l’album ?
Bouba K, c’est son nom de peintre, est natif du Burkina-Faso. Pendant des années, la peinture a été pour lui une sorte de loisir et de bien-être. Il le dit de cette manière, sans d’encombrer des phrases convenues, qui font si bien sur les catalogues d’expo. A ce moment-là, Bouba ignore totalement ce monde, auquel il n’appartiendra jamais. « Le Pianiste » n’a pas de date. Il est quasiment impossible de savoir où il a été peint et de quelle matière ses couleurs sont faites. C’est bête, parce que Boubakar vient de refaire, à sa manière un parcours d’art unique. A savoir un chemin d’abstraction très ambitieux, qui ne s’en remet à rien d’autre que la spiritualité de l’objet (ou du lieu).

Il faut regarder le Pianiste et laisser la musique monter du tableau. Il faut voir le paysage à l’arrière des touches, qui vient comme une colline ocre. Et puis les touches de l’instrument dont il ne reste plus que des rectangles blancs et noirs. Rien que la source de la mélodie qui est un caillou clair, un caillou sombre, sous un filet d’eau.
En 1920, Paul Klee et ses amis du Bauhaus se sont engagés dans cette voie. Klee compose alors la Roseraie (1920) et en 1922, « Senecio « (aujourd’hui au musée d’art de Basel). Les critiques parlent de la tête d’un vieil homme, pris par la folie. D’autres évoquent l’art africain. Boubakary Konseimbo arrive à un résultat tellement proche. A quelle date l’a-t-il peint ? les plus finauds diront que c’était en 1920, lors d’un voyage à Locarno, où il soignait un début de tuberculose.

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RC (ZO mag’)
Photos: Boubakary Konseimbo
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