Parce qu’il n’y a aucune vie possible dans l’immobilité. Tout simplement. La danse va à cette vérité essentielle, de la même façon que la phrase dans un mouvement de mots et la musique un déplacement de sons. Danser, c’est écrire, c’est peindre, entre des points distants, entre des êtres différents, faire circuler la pensée, en même temps que le corps. Tersoo Te’sog Gundu avait cette idée au commencement de ce travail. Peut-être de restituer ce paradoxe merveilleux de l’image arrêtée : la photographie peut aussi rendre hommage à la fabuleuse beauté du geste dansé.

Cette exposition à l’Institut français d’Abuja fonctionne donc comme une capture de la lumière et de l’acte. avec une grande attention, il interrompt en un point crucial l’expression. Ce n’est ni avant, ni après, que le mouvement ne se lit mieux. Dans cette particule suspendue, ce léger scintillement…
Le verrou est en train de s’ouvrir, le mouvement reprend, à nouveau l’espace échappe à la limite
Tersoo s’intéresse à toutes les danses. L’époque et le vocabulaire gestuel diffèrent, mais l’intention est souvent similaire. Huit danseurs et danseuses ont donc contribué à la partition, « chacun décidant de l’ambiance qu’il voulait exprimer et de la musique qui l’accompagnerait. Du ballet contemporain ou classique, afro-beat, de la house à la danse traditionnelle Tiv , en tous cas par cette communication du corps. »
Mais cette fois-ci, il reste à la lisière du sens. Peu importe que la parole du corps viennent d’un lieu ou d’un autre; qu’elle parle une langue de préférence, moderne ou plus ancienne, Tersoo restitue l’énergie, la subtile fragilité, l’éternité de la seconde. Et de cette formidable liberté qu’elle génère. Car c’est de là qu’elle vient, dans cette circulation des fluides, plastiquement et symboliquement, La langue est échange, le corps tout autant, et les fluides vont librement de l’un à l’autre.

Tersoo a travaillé avec Mathilde Lepert dans ce sens. Nous sortons d’une immobilité forcée, de la contrainte et du renoncement. « Le mouvement représente la Vie. La dernière année et demie a été difficile à l’échelle mondiale avec une distanciation sociale, un verrouillage et un masquage stricts, » explique le photographe. Le verrou est en train de s’ouvrir, le mouvement reprend. A nouveau, l’espace échappe à la limite.
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« En mouvement », Tersoo Te’so’g Gundu, à partir du 11 septembre, Institut français Abuja (Nigeria).
Roger Calmé (ZO mag’)
Contact :
tersoog@gmail.com
Tél.: +234 806 35 76 041
Instagram: @tersoog, @photocarrefour_Africa
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