Le carton n’est pas un matériau anodin, qu’il s’agisse du contenant lui-même, carton d’emballage, cartons à souvenirs ou à chaussures, qu’il s’agisse du sens également, et il n’en manque pas, que ce soit un carton plein, que l’on tape le carton ou que l’on reste dedans. C’est dire les utilisations que l’on peut en faire. Dadee Andrianaivoson ne s’en prive donc pas. Depuis 2017, il s’intéresse à lui donner d’autres visages, une autre vie, un second départ. Ce n’est plus un détritus, mais une invitation. En somme un carton d’invitation, pour un plaisir visuel, peint et durable.
Au travers de ses différentes résidences, le plasticien malgache affine son expression. En 2021, « Le regard est un voyage », sa nouvelle série prend un virage évident. On pense d’emblée aux toiles de l’Ivoirien Zié Jean-Laurent Koné. Au-delà du graphisme et de l’usage des couleurs premières, il s’agit de la figuration sociale. Des visages pris dans la foule urbaine, un jour de marché peut-être, à l’arrêt d’un autobus. Les expressions sont diverses, elle traitent aussi de l’emploi du temps.
Une série pleine de vie, qui remonte ses manches et revient au chantier.
Cette fois, Dadee délaisse l’évocation cosmique. La capsule mystique revient au sol, un jour quotidien, non chômé, dans l’émotion du réel. Des cartons peints, qui ne servent plus au rangement, lequel convient aux affaires classées, mais de la peinture « brute », dit-il, sans recours au numérique, faite sur le sol de la maison, dans la vibration du ventilo, alors que la saison est toute brouillée, indécise et franchement préoccupante. Au contraire de ce marasme, une série pleine de vie, qui remonte ses manches et revient au chantier. On pense vraiment aux rues de Zié et aux échafaudages de Fernand Léger. Manches retroussées, puissants et déterminés.
RC (ZO mag’)
Photos: Dadee Andrianaivoson
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