Une photo vaut-elle mieux qu’un long discours ? En tous cas, elle a l’avantage de donner très vite l’info. Sur son Facebook, Reem Aljelly, artiste visuelle soudanaise, pose une couverture (très) parlante. Une jeune femme est en train de marcher et de photographier un militaire qui vient en sens contraire, jeune et martial, un attaché-case à la main. En arrière-plan, s’étale une fresque colorée où figurent des slogans raisonnables à la liberté et à la bonté. Un jeune homme drapé dans le drapeau national saute de joie.

On l’a tout de suite compris : Reem Aljelly nourrit son travail de cette sensibilité à la société. En 2019, le Soudan mettait un terme (populaire) aux trente ans de pouvoir d’Omar el-Bechir. Trente années musclées, silencieuses et soumises. Reem est architecte. Elle construit donc des murs (entre autre), mais elle sait le moyen aussi de les rendre lumineux, et de s’en abstenir quand on veut faire entrer la lumière. Depuis 2017, elle a donc concentré son travail sur cette société en demande de clarté, qu’il s’agisse des femmes, de l’éducation, de la place éducative de l’art, de l’accès à ces lieux qui sont une respiration nécessaire.
« N’ayez pas peur de sauter dans l’inconnu car il nous réserve tellement de choses que nous ne pouvons pas découvrir à moins de sauter dedans. » Reem Aljeally
Quand on l’interroge sur son activité de peintre, elle parle toujours de la liberté que cela autorise. Mais surtout elle insiste sur les liens et l’empathie que le travail artistique procure. Le regard et la participation des autres tiennent une place centrale. » N’ayez pas peur de sauter dans l’inconnu car il nous réserve tellement de choses que nous ne pouvons pas découvrir à moins de sauter dedans. Construisez plus de liens et communiquez avec des personnes dans votre domaine car vous entourer de personnes qui partagent vos aspirations et votre passion vous poussent à devenir la personne que vous admirez maintenant. » Tout est dit ou presque, il ne reste qu’à regarder sa peinture.
Après cinq années de pratique, l’artiste soudanaise réussit déjà à associer parfaitement l’idée et la suggestion narrative. Ses toiles montrent une femme dans l’interrogation. Elle est assise à une table, la tête entre ses bras (Born in Memory, 2021), ou assise dans un intérieur vide. Les visages sont composites, les yeux immenses. Sur l’un des tableaux, une femme allongée dans la pénombre, ouvre un regard paniqué et asymétrique. Enfermements. Barreaux aux fenêtres et fleurs aux tiges brisées. C’est du quotidien qu’elle parle, de ce récit de la vie, autour d’elle chaque jour, la répétition de la question.
Sur son mur Facebook, la fresque affiche un message. « Sois bon, ne pleure pas après la liberté » La bonté est action. La bonté n’est pas un « miaou-miaou », c’est un engagement. En 2019, Reem a ouvert « The Muse ». Un endroit physique et virtuel où l’art peut grandir, naître et se confirmer. Des formations, des expositions, des rencontres, de simples rencontres qui donnent l’envie « de sauter dans l’inconnu. »

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RC (ZO mag’)
Photos: Reem Aljeally
Contact
https://www.facebook.com/reem.aljeally
« The Muse » (article à venir): https://www.facebook.com/TheMuse.sd/
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Repères:
Reem Aljeally est diplômée de la Faculté d’architecture de l’Université de Khartoum (2018). Elle est également et artiste visuelle, associant dans son travail différents médiums.
En outre, elle est à l’origine d’une plateforme d’échanges et de formation (The Muse) créée en 2019 pour la communauté artistique soudanaise.
Expositions
2021: « Born in Memory » au Savannah Innovation Labs, Khartoum (Soudan)
2020: « Acts of Resistance », (online) Goethe Institute, Soudan.
« L’effet du papillon », Institut français, Khartoum.
2019: « Salle 306 »
@reemaljeally__ @themuse_sd @baitalnisa @reemcurates_
Merci pour votre article, les propos cette femme me plaisent, oh oui, ses peintures tout autant, génial, très bonne journée, 🙂
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Merci à vous Louise.
Une jour, je vais vous demander… à propos de vos nouvelles.
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Merci à vous… Comme toujours !
Vous aimez les nouvelles ?
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Oui j’aime les nouvelles, les récits aussi, les romans aussi, et vous me direz en votre temps 🙂
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