Ethiopie / Peinture / Dereje Shiferaw, un tableau… (2) APOCALYPSE FOREVER

Quand la bombe explose… Fragmentation, napalm, famine, aliénation mentale, BADABOUM! C’est beau comme un film de Godard (*). Au moment où Pierrot craque l’allumette. Beau, comme Marylin, ou bien une soupe Campbell, même bouillon médiatique. Dans quelques minutes, le président annonce… que la bombe est sponsorisée, qu’elle est sociale et bénéfique, que c’est une nécessité du marché! BOUM, sur un fond de musique signé Hendrix, belle comme le choeur de Wagner, sortis des hélicos de l’US Air force. APOCALYPSE NOW! Belle comme un bouillon cube. Tout est à vendre. Tout doit disparaître.

Dereje Shiferaw est un peintre « politique », qui sait combien la guerre est une manipulation « publicitaire ». Il peint un(e) enfant au milieu des bombes, comme dans un bel emballage. Les explosions sont comme les super-héros de ses autres tableaux, et les limousines qui font rêver et Mme Monroe, qu’ils finiront par tuer ! POP ART? C’est d’abord une manière de dire « non » à la manipulation. Dereje parle de la guerre, mais pas seulement. Entre les lignes, c’est de l’Occident qu’il parle, qui vend la plaie et le pansement, et qui le peint comme ça lui chante. NON.

 » Nous avons le même scénario ici, depuis des décennies. Et ça continue. Ce matin, c’est encore la guerre.  »

L’artiste prend ici son sujet au plus près des mots. Rappelez-vous Hendrix en train de jouer l’hymne US avec les dents. Vous entendez les hélicos qui passent? Et ce parfum délicat, ourlé de noir et de jaune, cette somptueuse tapisserie que le napalm dessine sur le vert de la rizière ? POP ART, man, ça a un sens! Et c’est là qu’il faut en venir.

« Arrêtez de nous raconter des histoires. Nous savons la motivation, nous savons le profit escompté, et le nombre de morts nécessaires à ce commerce. Nous avons le même scénario ici, depuis des décennies. Et ça continue. Ce matin, c’est encore la guerre.  » Il pointe du doigt, et ses couleurs sont alors celles du publiciste, du vendeur de fusils, de mines anti-personnel et de shampoing antipelliculaire.

Plus on regarde la série de Dereje Shiferaw, mieux on comprend le gouffre qui le sépare de certains peintres, chez qui le Pop-art tient d’une promesse paradisiaque. Des toiles qui se copient à l’identique, soulageantes et niaises, conformes à l’idéologie dominante. Dereje peut leur expliquer, avec les mots (et les morts) qui conviennent, la triste fin de cette histoire « made in »…

Peu importe la couleur du drapeau, américain, ou bien français, ou chinois, les victimes sont toujours les mêmes. Dereje articule la toile et les couleurs dans le sens exact qu’elles avaient à la fin des années 60. C’était au Vietnam, c’était en Afrique centrale, à l’Est aussi et au pied de la tour Eiffel. NON! Le peintre et le refus. Ce n’est pas une toile, c’est un samizdat! Vert, rouge, bleu, claquantes chromies: il arrive que ce feu d’artifice soit plus sombre que le noir!

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Roger Calmé (ZO mag’)
Photo: D Shiferaw.
(*) Pierrot le fou (1965), Jean-Luc Godard.

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