Dans un hommage permanent à la couleur, certaine(e)s peintres ont une volonté politique autant que poètique. S’ils choisissent cette option, leur volonté manifeste est d’exploser les codes, d’atomiser les convenances. La peintre caribéenne Michaela Yearwood-Dan engage son travail dans cette direction et elle roule à une vitesse qui est la sienne, sans jamais regarder les panneaux de restriction.

Depuis deux ans, cette tendance n’a cessé de se renforcer. La situation sanitaire et le mouvement « Black Lives Matter » y ont certainement contribué. Dans un univers qui se restreint, entourés des murs qui se rapprochent, il est souvent salutaire d’affirmer différemment les mots et les formes. » Jusqu’à ce que le monde de l’art veuille montrer le même respect et la même reconnaissance envers les femmes et les artistes de couleur, je continuerai à faire des œuvres stéréotypées « féminines » et à peindre tous les corps noirs possibles.« , disait-elle dans une récente interview.
une philosophie queer, comme on prononcerait libertaire, assumée et festive.
Sur ce thème, l’exposition de New-York ne rate pas la marche. Festive évidemment, dans une parade de couleurs éclatantes, mais également manifeste, posant des principes inaliénables de liberté et de reconnaissance. La rue est un théâtre de vie mais aussi, au-delà de la représentation, un lieu de démocratie émotionnelle. Dans cette manière de figurer le monde, sans doute que Michaela est une cousine proche d’Amaryllis Moleski, autre peintre majeure de cette mouvance « claire et joyeuse » du combat. De la même manière, l’appartenance à la couleur prend position « pour », dans l’affirmation de la différence et le respect inhérent à celle-ci. Le choix d’une vie affective, hors le cadre habituel, en fait partie. On peut dire une philosophie queer, comme on prononcerait libertaire, assumée et festive.
Et c’est ici que l’extrême couleur prend position. De cette manière, Michaela Yearwood-Dan affirme haut et fort son appartenance caraïbe, de même qu’elle suggère la pertinence des arts populaires de cette Amérique si souvent marginalisée. » Je pense que d’avoir grandi dans une culture qui est exclue des arts établis, alors même qu’elle démontre une créativité débordante sous des formes moins élitistes, je pense que cette situation m’a prédisposée à l’expression créatrice.« , explique-t-elle à ce propos.
À certains moments de sa vie, on choisit de jouer d’autres cartes. Les raisons sont solides. Elles tiennent à votre histoire, à votre enfance, à vos amours. Quoi qu’il en soit, la décision s’impose. Toile rose et bleu turquoise, pailletée d’or et de lapis, dans une forêt émeraude. Muraille rendue à l’océan, pâturages veinés de nuages tendres et nocturnes. Il paraît que c’est interdit, inconvenant, déplacé, hors de prix, et en plus elles s’embrassent sur la bouche. Il parait que la peinture est une joie partagée, un moment complice, un mur qui n’en est plus un. Politique autant poétique !
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Be Gentle With Me, Michaela Yearwood-Dan, du 9 septembre au 23 octobre 2021, Marianne Boesky gallery. Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: DR, M. Yearwood-Dan and by courtesy Boesky gallery.
Repères :
Michaela Yearwood-Dan est née à Londres (1994) et grandi en Grande-Bretagne. Elle a suivi des cours à l’Art Foudation, University of the Creative Arts Epsom (GB), puis obtenu un BA (peinture d’art) à l’Université de Brighton (GB).
Dernières expos individuelles:
2019: Après Euphoria, Tiwani Contemporary, Londres (GB).
One English Pound, Sarabande, The Lee Alexander McQueen foundation, Londres.
2018: New Contemporaries, Baltic, Gateshead and Block 336, Londres.
After Cesaire/Morden Tropiques, Platform Southwark, Londres.
Collectives:
2021: In Situ, Galerie Marianne Boesky, New York (USA).
2020: Divinités anciennes, Arusha Gallery, Écosse
Online: Pas de temps comme le présent, Galerie du public.
Clay TM, T.J. Boulting, Londres.
Le Fusible vert, Frestonian Gallery, Londres.
Recommencez, Guts Gallery, Londres.
2019: Les artistes sont les nouveaux athlètes, The Edit Gallery, Limassol (Chypre).
2018: 21st Century Women, Unit Gallery, Mayfair, Londres.
Sarabande, fondation Lee Alexander McQueen, Londres.
Oh Elle aime être à côté de la mer, Spanish City, Whitley Bay, Newcastle(GB).
A participé à la FIAC Paris (2021), Fine Art JoBurg (Afrique du Sud, 2021), 1:54 Londres (GB, 2019), Art x Lagos (Nigeria, 2019)
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