Matin bleu. Bleu comme l’enfer, disait un écrivain. Bleu chimique qui confirme la restriction, physique autant que mentale, dans laquelle un homme hurle. Sur ces cinq dessins, il est possible de le voir. Peut-être même cherche-t-il à attirer l’attention. Ses doigts griffent la paroi de verre, ses yeux sont comme sa bouche, ouverts dans le cri inaudible. Réduit au gribouillage de la pointe Bic. Un dessin malade de lui-même et que personne n’entend.
Achille Adonon continue de dire, dans ces croquis infimes et quotidiens, ce que la solitude a de toxique, ce que l’isolement imprime de souffrance au trait, aux rapports, à l’équilibre de la lumière. Nous sommes ici devant la paroi d’un aquarium et c’est de l’humanité qu’il est question, à quelques centimètres de notre indifférence. Le cloisonnement serait-il définitif ? La paroi d’une si parfaite étanchéité qu’elle garantisse notre tranquillité ?
Et puis d’un coup, dans ce matin bleu, l’évidence vient que c’est notre reflet qui apparaît, sur la paroi, au fond de cette bouteille lancée à la mer. Notre image, et le hurlement inaudible, jour après jour, dans l’enfermement bleu, que cette peine cesse. Achille Adonon ne possède pas les clés. Il marche dans le couloir de l’institut, il jette un oeil sur les cellules.
« Restrictions », format A4, stylo bille sur papier bleu (2021)
RC (ZO mag’)
Photos: A. Adonon
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