Dans le paysage et dans l’esprit qui habite ce paysage. La savane en soi est un monochrome et l’esprit généreux qui l’habite tient de cette même matière. Il est un ciel, une eau considérable, sans doute une mémoire et l’écho de sa lumière. Le monochrome est un paysage et le tableau de Souleymane Guindo se désaltère à la sérénité qui s’en dégage. Il est de Bandiagara, la falaise fondatrice, première trace d’écriture minérale que la main dessine sur l’immensité sahélienne. La falaise des esprits. Et l’esprit est également sur sa toile dans le grouillement organique qui habite sa surface.

Et si la toile est dans le prolongement de ce paysage, elle est tenue par un langage similaire. « Je suis très influencé par la nature, explique le jeune peintre, et tout ce qui la compose. Bandiagara est une pierre gigantesque. Ça peut être très effrayant, ou apporter de la sérénité. Ma peinture est dans ce prolongement. La matière-pierre et la matière-or, l’or végétal blanc, mouvant et émouvant, que j’intègre dans le tableau. » Le coton est une fleur, mais aussi une pulsation. C’est un battement, une ondulation liquide, une vibration qui met en mouvement et en relief le monochrome.
Ces tableaux n’ont pas besoin de titre. Ils appartiennent à des choses plus grandes, qui sont à la fois le temps et l’espace, dans la conjugaison du cadre. La toile circonscrit. Un instant, elle ouvre une fenêtre. Plus loin, commence l’immense.
Sans titre, Coton naturel et acrylique sur toile, 0,80 x 1, 00 m (2021)
RC (ZO mag’)Photo DR et S. Guindo. Actuellement à l’Institut français de Saint-Louis du Sénégal, exposition « Matières manières et sociétés ». Jusqu’au 31 juillet, avec Ibrahim Ballo, Dramane Bamana, Ange Dakouo et Alassane Kone, Institut français Saint-Louis du Sénégal.
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