Sénégal / Exposition / Matières manières et sociétés / LA MATIERE DONT NOUS SOMMES FAITS

Il faut prendre les choses dans l’ordre. Enfin, ce n’est pas obligatoire, mais ça peut permettre de (re) trouver son chemin. La peinture est selon certains une histoire qui raconte. Elle va dans la narration, elle figure et donne un visage. pour d’autres l’interrogation est ailleurs. Mais elle peut être ailleurs, ou avant.

Dans une introduction à l’exposition de Saint-Louis (Sénégal), l’un des participants dit avec beaucoup de bon sens: « Rencontrer la matière, c’est manifestement ce que l’on est amené à faire dès que l’on s’intéresse au visible. Et la matière s’impose d’autant plus aux regards des spectateurs que l’on serait attentif à l’art contemporain tandis que les Anciens l’auraient tenu pour un simple support à effacer au bénéfice de la forme ou de l’idée. ». L’exposition à l’Institut français s’appelle « Matières, manières et sociétés ». Tout est au pluriel, et on est pile-poil dans le sujet.

« Rencontrer la matière, c’est manifestement ce que l’on est amené à faire dès que l’on s’intéresse au visible. »


Ibrahim Ballo, Dramane Bamana, Ange Dakouo, Souleymane Guindo et Alassane Kone se démarquent assez radicalement de ce que la peinture propose actuellement. Ils ont fait ce choix au sein du collectif malien Tim’Arts d’interroger un autre versant de la montagne. C’est la matière qui les intéresse et l’éclairage que l’on peut poser sur celle-ci, selon que l’on appartient à une sensibilité ou une autre. L’abstraction n’est jamais la même que l’on vienne de New York ou de Bamako. Elle se nourrit de manières différentes, de gestes et d’histoires qui ont d’autres courants. La lumière n’est pas identique, d’ailleurs elle ne l’est jamais.

Petite image philosophique sur les vertus du royaume


Cinq peintres, cinq plasticiens qui s’interrogent dans la profondeur du tissu (Dakouo), dans la vibration du monochrome (Guindo), sur notre vie aussi et ce n’est pas toujours facile (Kone et Ballo). Cinq façons d’amener des confluences d’idées et de mémoire, sans s’arrêter à la forme, mais en cherchant des portes dérobées. La lumière et la couleur en propose une première, qui vient au matérieu initial comme un ressac. Une lèvre d’eau qui porte au rivage.


C’est donc formidable, ce genre de parenthèse. Et l’on se demande alors la raison qui pousse l’Institut français à exposer dans un lieu aussi ingrat. Les salles ont des allures de blockhaus, la lumière est celle du néon et de l’enfermement. La manière n’est pas la bonne, la matière en souffre. Il suffirait d’ouvrir les fenêtres et de laisser entrer la clarté.


« Matières manières et sociétés », Ibrahim Ballo, Dramane Bamana, Ange Dakouo, Souleymane Guindo et Alassane Kone, jusqu’au 31 juillet, Institut français Saint-Louis du Sénégal.
RC (ZO mag’)
Photos DR et Institut français.

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