Il suffit de franchir la porte de la maison. On ouvre le battant, et la lumière entre d’un coup. Elle est blanche et noire. Elle est dans une violence d’expression, parce que la vie tient aussi de ça. Les demi-teintes n’existent pas vraiment dans le travail de Maminiaina Rasoamanana. Il se penche vers vous, sa main se referme sur votre bras, ses yeux plongent dans les vôtres: « il faut dire les choses comme elles sont. A quoi bon se raconter des histoires, semble-t-il dire, à longueur d’images.

Le plasticien malgache a commencé à photographier en 2008. Des clichés pris dans le vrac du quotidien, des images « récupérées », comme il le fait des matériaux qu’il assemble ensuite en tableaux et en sculptures. Ses travaux traduisent toujours cette attention au quotidien et à la proximité. Dans l’une d’elles, tout en haut de son FB, des enfants jouent dans une lessiveuse déglinguée. C’est lui qui le dit. Des mots noirs et blancs, sous un mur périphérique. Il s’agit d’un quartier pauvre d’Andravoahangy. Les gosses ont récupéré cette coque de métal et ont pris la mer. Le rêve est aussi une matière récupérée, deux bouts de ficelle qui prennent le ciel. Plus loin un gamin lance une note de trompette, dans une rue qui pourrait être ailleurs (Caraïbes?) et qui résonne tout de cette musique.
En février dernier, Maminiaina Rasoamanana faisait sa première expo à la Maison d’art d’Antaninandro. Des images, des tableaux récupérés, remis à flot, qui peuvent repartir pour un tour… et des petites statuettes aussi. Elles sont très anciennes. Elles sont inventées, mais aussi elles sont mayas. Elles parlent de la pérennité qui nous ramène à ce qui précède. Le monde a continué à tourner, mais la rue commence toujours au même endroit. Il suffit de franchir la porte de la maison.

RC (ZO mag’)
Photos: Maminiaina Rasoamanana
Contact: https://www.facebook.com/MaminiainaRasoamanana/
Laisser un commentaire