Il y a beaucoup d’enfants sur les tableaux d’Armand Boua. Il marchent dans des rues, suppose-t-on, ils longent des murs. Ce sont des scènes quotidiennes comme on en voit dans toutes les périphéries africaines. Pourquoi employer le mot « périphérie »? Parce que c’est aussi au cœur des villes, pas très loin des grands hôtels, devant la Western Union, au marché Yopougon (Abidjan) ou à la gare routière. Des enfants qui déchargent des camions. Des enfants couchés sur le sol. Armand Boua les voit, il prend des images, puis il rentre à l’atelier.
De son travail, Mimi Errol, critique d’art dit: « Il n’est pas sociologue, mais il a su se concentrer sur les attitudes plastiques (des gens dans la rue) pour partager un aspect de la vie humaine. Il montre des aspects de notre humanité, des choses qui ne fonctionnent pas bien en Afrique. » Car c’est de ça que la peinture parle. De la rue, de l’inégalité et de sa traduction dans l’épaisseur de la toile. Comme des papiers écrits et collés sur des murs. Des reliquats de réalité, qui s’effacent et persistent en même temps. Armand Boua travaille de cette façon, dans la destruction et le rajout. Des histoires multiples, décollées, arrachées, rafistolées, et qui vous regardent dans les yeux.
Le feuillage prend une couleur stagnante, comme une eau remplie de menace. Quelque chose va se passer.
« Yopougon, Adjamé, Liberté », l’exposition montée en 2019 chez Cécile Fakhoury (Abidjan) concentrait tous ces ingrédients de misère et d’empathie. Puis en 2020, d’autres tableaux apparaissent, dans des couleurs différentes, cette fois sortis de la ville. On pourrait penser qu’Armand Boua a pris un bus pour Bouaké ou Yamassoukro, qu’il s’est arrêté dans ces campagnes et qu’il a laissé son appareil filmer.
On est aux lisières de la forêt et des plantations. Des gens sont en train de revenir du champ. Il fait une chaleur impossible. Le feuillage prend une couleur stagnante, comme une eau remplie de menace. L’impression est celle d’un drame, d’une violence contenue. Vous fouillez des yeux la toile. Vous cherchez à voir ce que l’homme tient: un bâton? un fusil, une machette… L’impression que quelque chose va se passer.
Ce n’est pas une fiction, c’est dans l’épaisseur de cet aplat vert, de la même couleur que les murs violents.

« Elle Demin-Demin heinn », Acrylic and papier journal sur carton, 1, 45 x 1, 05 m (2020)
RC (ZO mag’)
Photos: DR et remerciements à Armand Boua et la galerie Cécile Fakhoury
https://cecilefakhoury.com/artists/32-armand-boua/works/
Etonnante élaboration artistique et là sur l’écran oui on ressent très bien que quelque chose va se passer, merci de nous le faire découvrir, très bonne journée
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