Tunisie-France / Exposition / Najah Zarbout /CE QUE LE BLEU DEROBE A L’OMBRE

Le rêve n’est jamais très loin de la réalité. Il existe entre l’un et l’autre des passages, qui sont comme l’ombre et la lumière. En 2014, Najah Zarbout présentait déjà un travail inspiré des marionnettes. Théâtres d’ombres chinoises (Pi-ying ) ou personnages découpés (wyang kulit) d’Indonésie, ils figurent en Extrême-orient des intrigues complexes, liées à l’amour, la guerre, la cruelle destinée. De la même façon, Najah Zarbout a entamé cette recherche sur le pliage et la découpe du papier. Lors de ses premières expositions (2006), elle évoquait cet univers, inspiré des personnages de Lewis Carroll. Son Alice découvre de la même façon l’envers des choses. Elle pousse une porte et s’enfonce dans le jardin.

Par la vague pâle, par la blancheur englouti. Une illusion de l’ailleurs, sur une autre rive.

«J’ai été interpellée par l’oxymore dans Alice, le monde enfantin, le côté violent aussi, une violence douce…», disait-elle dans un journal tunisien. « C’est un auteur très original, un précurseur au propos très profond», dont elle va étudier l’univers et ses correspondances psychologiques, ses jeux de langue et de genre.

L’exposition qu’elle présente aujourd’hui à Corte (Corse) est tout entière dessinée sur ces lisières de l’ici et de l’ailleurs. Pendant la période du confinement, l’artiste a poursuivi ses va-et-vient entre la littérature (elle aime tout particulièrement Orwell et Bataille) et la représentation des conflits et de la paix de l’âme. Le sujet abordé ici est celui de la proximité entre deux îles réelles et imaginaires. D’un côté Kerkennah et de l’autre la Corse, séparés par cette mère nourricière. Et commence alors cette évocation du passage, entre les cultures, entre deux époques, deux temps du sacrifice que l’on fait à sa propre mémoire et à l’avenir que l’on voudrait dessiner.

Le découpage est aussi un acte d’ablation. Il se fait au scalpel, sous une lumière vive. Il est de couleur blanche à l’image de cette mer, qui se dit en arabe: al-bahr al-Abyad al-muttawasit, la « mer Blanche du milieu ».

« Thanaya » signifie le chemin et le pli. Plis des paysages, terrien autant que marin, et de ce mouvement qui les épouse, le chemin. La Méditerranée n’est pas seulement une couleur. Elle est une langue commune, elle est une matrice et un tombeau, elle est une lumière et l’inlassable métamorphose des vagues. Le songe qui précède et celui qui suit. La Méditerranée est l’à-plat et la mise en relief que suggère Najah… une fois franchie la porte.

Thanaya : entre plis et chemins, de Najah Zarbout. Du 7 mai au 30 juin, FRAC Corse, Corte (France)
Roger Calmé (ZO mag’)
Photo: DR et Najah Zarbout
https://www.frac.corsica/NAJAH-ZARBOUT-THANAYA-ENTRE-PLIS…

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