Dans la conversation, Wole Lagunju revient volontiers sur sa passion pour la mode. Au point même de l’avoir étudiée plus jeune. Beaucoup d’éléments nourrissent ce sentiment, dit-il. L’importance du textile d’une part, qui traverse toute l’histoire africaine. Un lien, une spiritualité du tissage, chargé de multiples correspondances. Il l’évoquait en 2020 dans une interview: « 𝘓𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘤𝘦𝘱𝘵 𝘥𝘦 𝘣𝘦𝘢𝘶𝘵𝘦́, 𝘰𝘶 «𝘦𝘸𝘢», 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘢 𝘵𝘳𝘢𝘥𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘤𝘶𝘭𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘺𝘰𝘳𝘶𝘣𝘢, 𝘢 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘯𝘰𝘵𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘮𝘦́𝘵𝘢𝘱𝘩𝘺𝘴𝘪𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘴𝘱𝘪𝘳𝘪𝘵𝘶𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘥𝘪𝘧𝘧𝘦̀𝘳𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘳𝘰𝘺𝘢𝘯𝘤𝘦 𝘰𝘤𝘤𝘪𝘥𝘦𝘯𝘵𝘢𝘭𝘦. » La beauté est pouvoir et l’élégance un comportement social, quasi obligé.
Cette méthode divinatoire n’est-elle pas une façon de déchiffrer l’ori, ce qui est en yoruba le principe de destinée?
Sa précédente exposition à la Ed Cross gallery (Londres) abordait déjà cette question. Métissage obligé des époques, masques yorubas traditionnels que portaient d’élégantes jeunesses dans des blazers fleuris, des robes psychédéliques, total seventies. Quelques mois ont passé et le peintre nigérian revient à Paris, avec une série de dessins qui semblent s’inscrire dans une même sensibilité. Aucune répétition pourtant, pas la moindre redite et une dimension « magique » qui paraît s’y ajouter.



Cette fois, Wole Lagunju a opté pour les encres et le dessin, dans des fluidités qui rappellent deux concepts distincts. le premier tient du divinatoire et ramène à ce que l’on appelle en Occident, « encromancie ». L’encre prisonnière du pliage, imprime des formes aléatoires et donne au lecteur des pistes prévisionnelles. De ce côté-ci de la vie, l’existence s’en ira. Wole Lagunju est un peintre curieux de nature. Cette méthode divinatoire n’est-elle pas une façon de déchiffrer l’ori, ce qui est en yoruba le principe de destinée?
Le second élément de cette « Métamorphose » tient aux couleurs utilisées et leur irradiante beauté. On retrouve ici la pureté des pigments, tels que les tisserands les utilisent, pour les impressions du textile, les batiks notamment. En s’appuyant ensuite sur des proverbes, qui donnent une abondance de pistes possibles, le peintre entretient cette nécessaire complexité, sans laquelle il n’existe aucune figuration crédible.
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Métamorphoses (avec Soly Cissé), du 3 au 24 juin 2021, galerie Chauvy. 16, rue Grange-Batelière,75009 Paris. Tél.: (+33) 1 47 70 18 08
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: by courtesy Ed Cross galerie Londres (GB)
http://www.galeriefrance.com/wole-lagunju/
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