Aucune excuse valable de manquer en 2021, la Biennale de Kampala. Aucune! Pour parvenir à sa tenue, les organisateurs, Daudi Karungi et son conservateur, Simon Njami ont dû fermement batailler. Outre le contexte sanitaire, l’Ouganda a connu une campagne électorale chaotique. Il est d’ailleurs fort probable que ce contexte politique aura marqué une programmation assez sage. En ce sens qu’elle ouvre peu d’espace à la contestation, et ce malgré un titre prometteur. « Get up, Stand up », emprunté à la chanson de B. Marley pouvait laisser supposer quelques charges dynamiques, voire dynamites, contre le régime en place depuis 35 ans. De ce côté-là, l’affaire aurait-elle été subtilement verrouillée?
Cet aspect mis à part, Simon Njami joue une partition multidisciplinaire très équilibrée. Huit artistes de renom l’accompagnent: Tracey Rose, Arnaud Cohen, Laurence Bonvin, Lavar Munroe, Lillian Nabulime, Maurice Pefura, Andrew Tshabangu et Dana Whabira. Tous travaillent dans des domaines d’expression multiples, qu’il s’agisse de la performance, mais aussi de la vidéo, de la photographie ou du cinéma.
C’est ici que la parole survit, que la colère se nourrit et que l’oubli se fabrique.
Sortie en 1973, la chanson de Bob Marley incitait donc les « damnés de la terre » à se lever. Plusieurs interventions iront dans ce sens, comme le travail de Dana Whabira et sa réalisation « Hold Up Half The Sky » , une compilation collective d’épisodes rebelles. Ouganda, Afrique du sud, Nigeria, Soudan…: la conviction politique existe encore en Afrique!
Ceci dit, il s’agit là de l’unique studio politiquement déterminé. Les autres demeurent à la périphérie (environnement, compressions culturelles, dialogues intergénérationnels…). Mais comme le dit avec conviction Matt Kayem dans une excellente rubrique sur Africanah.org, « l’esclavage mental de masse » est une nouvelle forme de colonialisme. La pauvreté physique et spirituelle qui en découle, participe à l’aliénation des volontés. En ce sens, les autres auteurs, proposent des vidéos très sociales à l’image de « History Is The Home Address », du Sud-africain Andrew Tshabangu. Il s’agit ici d’un studio de photographie, calqué sur un « shebeen », les bars informels qui fleurissent dans les townships. C’est ici que la parole survit, que la colère se nourrit et que l’oubli se fabrique.

« Get-up, Stand-up » !https://africanah.org/kampala-art-biennale-2020-online/
RC (ZO mag’)
Photos DR et Biennale de Kampala
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