Angola/ Peinture/ Cristiano Mangovo / MES YEUX HURLENT, CE QUI DERANGE LES VOISINS

Grimaçante. Parce que la vie est de cette nature, toute tordue au dedans et dans ses gestes, toute mal fichue à cause de la veille. Nos visages sont comme dans les tableaux de Christiano Mangovo, comme dans ses souvenirs aussi. Ils se superposent les uns aux autres, ils s’entassent dans 20 m² de misère et d’amour. C’est forcément du désordre et de la cacophonie. Un coup de tambour, un tube d’orangé pressé et vivement raboté… Et puis cette question dès la première rencontre: d’où vient cette formidable énergie de peindre et ce tintamarre qui refuse obstinément l’entrave?

Christiano était encore un gamin quand son père l’a fait partir d’Angola, pour l’envoyer en RDC. C’est là qu’il fait ses études et entre un peu plus tard à l’Ecole des beaux-arts de Kinshasa. Plus tard, il retournera en Angola, comme un homme qui a vu, qui sait désormais la valeur des mots et des racontars. Sa peinture va tourner autour de cette question: sommes-nous à ce point innocents pour qu’on nous raconte de semblables balivernes.

Cette formidable énergie de peindre et ce tintamarre qui refuse obstinément l’entrave

L’œuvre du jeune Angolais tourne effectivement dans ce traitement du regard colonial, de cette supériorité permanente qu’on inflige à l’Afrique, de la toute-puissance technologique et aussi de ces politiques préfabriquées, prédigérées, et on ne discute pas, s’il vous plaît!

Tordue, forcément, mais avec cette vision nécessaire d’une caricature qui épingle la trogne rougeaude du bon bourgeois, dans les tableaux de George Grosz, membre distordu du mouvement Dada. Les personnages de Mangovo sortent d’une semblable matrice. Ils sont faits de chair et de métal, et de végétaux fantasques. Ils sont les cris que poussent les doigts coincés dans une porte. C’est douloureux, plein de cette couleur hurlante et très nécessaire.

Roger Calmé (ZO mag’)
Exposition collective de Moustapha Baidi Oumarou, Saïdou Dicko, Cristiano Mangovo, Jean-David Nkot et Marc Posso.
Du 17 au 23 mai. Online.https://afikaris.com/pages/1-54-new-york-art-fair-2021

A lire le texte de Valérie Kabov dans le catalogue d’Afikaris.

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