L’histoire ne s’interrompt jamais. Dans la région d’Essouk, au nord du Mali, il y a 6000 ans, les pasteurs, les marchands, les prêtres Tadmekkat ont laissé sur la pierre des témoignages de leur vie. Dans ces abris, déjà des animaux, des danses, et le cheminement des étoiles. Il y a 6000 ans, la cendre de bois, les pigments de pierre et de plantes, qui enduisent les parois des abris. Et si cette histoire était aussi celle d’Alhassane Konté ?
Au premier regard, la parenté des silhouettes, la grande légèreté des formes. Depuis plusieurs mois, le jeune peintre malien a repris cette figuration de la savane. Il y a quelques jours, il mettait en ligne deux tableaux figurant des enfants qui enlaçaient des animaux. Deux jours plus tard, un plus grand format qui évoque les mêmes danses, la même innocence des gestes. Peut-être la savane est-elle comme un jardin, un espace d’immortalité. « J’utilise la cendre de bois qui donne cette consistance au tableau, qui me donne l’irrégularité. La cendre ? Je ne sais pas si ça a un rapport, mais j’ai une cicatrice au pied, à cause d’une braise. J’étais enfant… » Il sourit à cette idée que la matière est ainsi entrée en lui.

Ancien élève au conservatoire de Balla Fasséké Kouyaté (Bamako), Alhassane poursuit dans son travail cette idée d’un temps paisible, en lien intime avec la terre qui le porte. « 𝘓𝘢 𝘱𝘦𝘪𝘯𝘵𝘶𝘳𝘦 ? 𝘗𝘰𝘶𝘳 𝘮𝘰𝘪, 𝘤’𝘦𝘴𝘵 𝘣𝘦𝘢𝘶𝘤𝘰𝘶𝘱 𝘥’𝘪𝘯𝘯𝘰𝘤𝘦𝘯𝘤𝘦, 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘳𝘰𝘵𝘦𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘲𝘶’𝘰𝘯 𝘥𝘰𝘪𝘵 𝘢𝘶 𝘷𝘪𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘪 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘦𝘯𝘵𝘰𝘶𝘳𝘦. » Son écologie est éminemment spirituelle. Privée de ces liens à l’espace, l’homme se perd dans les sables. Mais il y a plus. Cette idée du jardin saharien qui continue de fleurir. Comme si du fond des âges, revenaient les images de l’immense verdure. La palette d’Alhassane est portée par la clarté, à l’image d’un matin qui se lève. Le blanc prédomine. Il est comme un éblouissement, une lumière qui se lève à l’horizon.
,
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : ©Alhassane Konté, dit Lass
Contact : https://www.facebook.com/lass.konte.7
Laisser un commentaire