USA / Plasticienne / Kennedy Yanko / LA VOITURE VENAIT D’EN FACE

Il y a des tas de choses que la toile ou la sculpture ne parviennent pas à rendre. Elles emprisonnent l’objet, ou le sentiment, ou la lumière dans un instant arrêté. On n’en sort plus, au propre et au figuré. Dans les années soixante, Lynda Benglis s’interrogeait sur ce processus de la création. Elle utilise alors des techniques mixtes comme le pouring, qui consiste à verser de la peinture épaisse sur une surface. La peinture coule, elle est mouvement, elle participe de sentiments multiples. Elle associe à la volonté (peintre), le hasard (flux pigmentaire). A la surface variable, inclinée, plane et plurielle, des possibilités d’habillages aléatoires.


On peut donc penser que Kennedy Yanko, jeune artiste new-yorkaise, travaille dans une direction assez similaire, quand elle recouvre d’acrylique un objet arrêté, victime d’un crash existentiel. Et c’est toute l’originalité de ce travail qui redonne avec la peinture un nouvel élan, une nouvelle vie à la forme sculptée.
Prenons un objet métallique, franchement bousillé. « Postcapitalist Desire » en compte de nombreux, venus des chantiers avoisinants. Là, un élément de moteur, ici un bout de passerelle pour engin mécanique… Dans cette immense décharge que le monde devient, les dépouilles sont innombrables.


A la disqueuse et au chalumeau, la sculpteure plie, compresse, redessine et assemble ces différentes pièces. Dans les oeuvres de sa série « Element and skin » (2017/2018), Kennedy Yanko travaillait déjà de cette manière. « Skin » veut dire peau, donc l’enveloppe. Comme le cuir, cette peau peut retrouver la souplesse et le mouvement. En somme le déplacement. Ce que la peinture confirme ensuite en coulant sur la forme, en l’imprégnant le plus intimement.

A la surface variable, inclinée, plane et plurielle, des possibilités d’habillages aléatoires.

« Postcapitalist Desire » recèle donc une sacrée poésie dans cette possible résurrection de la forme arrêtée. Ce bout de métal, issu d’une passerelle industrielle, retrouve ici une fonction. Mais il reste néanmoins « passerelle », entre sa fonction précédente et l’existence à venir, où le mouvement est encore possible. On peut y voir ce que l’on veut… La matière n’est jamais morte, l’atome continue de tourner. « Postcapitalist Desire » serait-il un objet spirituel à l’usage des populations occidentales?


Postcapitalist Desire, jusqu’au 15 mai, Tilton Gallery, New York (USA)
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos DR et remerciement à Tilton Gallery
https://www.jacktiltongallery.com/

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