-Tu vois, cette gamine, elle a la même expression que la petite marquise de Fragonard.
Surpris lors d’un vernissage, dans une galerie parisienne. Une dame regarde avec émotion le travail d’Eugène N’Sondé et elle est fascinée par la vérité que la sculpture dégage. Je pense que son interlocuteur lui a répondu » Tu as raison. Parce que c’est elle, c’est nous. » Nous. A quelques pâtés de maisons, à quelques siècles de distance, pétris dans le même limon.
Plus tard, un ami togolais me montre des images du sculpteur congolais. Ce sont des terres, et ce n’est pas un hasard si N’Sondé travaille cette matière éphémère et fragile. Nous venons tous de là, n’est-ce pas ? La petite marquise ou la vendeuse assise, ce vieil homme courbé, ce groupe d’adolescentes qui rient bien fort.
Dans chacune des expositions que les galeries ont pu montrer, Carole Kvanevski notamment, c’est cet attachement profond à la vérité: la vérité du geste, de l’expression, la vérité du sommeil qui vient, de l’amusement, cette pointe de tristesse, ma chère marquise, cette chair qui dit le temps. Ah oui, le temps.
N’Sondé est né à Brazzaville, au bord d’un grand fleuve. Il est né dans un faubourg parisien, ou de Calcutta, il sculpte au temps de Louis XV, des petites marquises qui pensent à la vie. Il montre la tendresse, l’humanité profonde et nécessaire, la proximité des êtres, dans le vacarme de nos vies, c’est un silence réparateur!

RC (ZO mag’)
Photos: DR et Eugène N’Sondé
Galerie d’art Carole Kvasnevski – EUGENE N’SONDE (galeriecarolekvasnevski.com)