USA / Installation / Allison Janae Hamilton / A L’EPOQUE DU COTON ET DES GRANDS ORAGES

On dit de certaines personnes, et c’est très réaliste, très précis, qu’elles ont une nature terrienne. En ce sens qu’elles entretiennent avec un lien très fort. Leurs mains, leurs yeux, leurs intentions sont en contact avec ce sol. D’ailleurs, on n’a même pas besoin de l’expliquer. Ca se voit tout de suite. Allison Janae Hamilton est une personne de ce type. On sait par exemple qu’elle est née dans le Kentucky (sud des Etats-Unis), qu’elle a grandi en Floride et que dans cette région, il y a de nombreux crocodiles. C’est un fait qu’il faut prendre en compte. Il ne s’agit pas d’une toile de fond, d’un décor immobile. Elle y passe plusieurs mois par an, elle le photographie, le dessine, puis elle remonte à New York où elle continue de travailler cette matière, de la cultiver et de traduire ce qui lui arrive.

« En été, chaque après-midi, des orages peuvent éclater. Et puis ça s’arrête, comme si quelqu’un rallumait les lumières, et les oiseaux sortent et tout va bien. »


L’immersion dans le paysage représente donc une part importante de son travail de plasticienne. « C’est important, car j’ai besoin de cet environnement dans lequel je puise. J’utilise le drame du paysage comme mécanisme affectif. De cette manière, j’espère déclencher une réponse émotionnelle chez le spectateur. En été, chaque après-midi, des orages peuvent éclater. Et puis ça s’arrête, comme si quelqu’un rallumait les lumières, et les oiseaux sortent et tout va bien.« 


Ces changements d’atmosphère, ces scénarios chargés de mystère, nourrissent ensuite de multiples narrations. Allison Janae superpose les mythologies locales, des croyances anciennes, des constats quotidiens. Elle associe également la matière, les herbes, la terre, de même que des vestiges de vie, du son parfois, des dépouilles aussi qui traduisent l’importance du temps. L’œuvre se construit ainsi par couches successives, comme le temps le fait au fil des épopues successives.

Installation au Mass MoCA (North Adams, MA), photo: David Dashiell

 

« A Romance of paradise », première exposition solo avec la galerie Boesky suit donc un chemin singulier qui s’enfonce dans cette campagne. Le ciel est encore clair. Il arrive à la saison du coton, que les fleurs volent et couvrent le paysage de neige. Le mystère est permanent, il est lié aux périodes qui se chevauchent. Les hommes apportent des perturbations passagères, de même que les orages et le passage sur les routes des grands crocodiles.

Dans son travail, la plasticienne propose donc de se promener sur cette terre souvent inconnue des Américains. En suivant ses saisons, en prêtant une grande attention à la nature et en jouant de plusieurs techniques, Allison reconnaît une activité permanente. En cela aussi, elle se rapproche de façon « terrienne » des paysans du sud. Le travail ne manque jamais. Le paysage est d’une fécondité permanente.

 


A Romance of Paradise, jusqu’au 24 avril, Galerie Marianne Boesky, New York
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: DR, David Dashiell et galerie Marianne Boesky
http://www.marianneboeskygallery.com

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