Une exposition de Henry Taylor a toujours une bonne chance de faire la une des revues people. Si les lecteurs ignorent qui est le peintre, aucune chance qu’ils veuillent rater l’apparition simultanée de Rihanna et Jay-Z. A ce qu’il se dit, les deux stars en raffolent. On peut donc l’aborder de cette façon… ou se concentrer sur sa peinture. Et c’est de loin le plus intéressant!
Si l’on doit le définir en deux mots, cet homme de 62 ans est un exemple d’empathie. La vie sociale l’intéresse, et dans une vision la plus large possible. Son regard se fixe avec la même bienveillance sur le quotidien d’Obama, la vie d’un sans-abri, que la fin héroïque d’un dealer de crack ou un solo de Miles Davis. La vie, tout simplement, comme il l’explique dans une récente interview au Guardian: » 𝘔𝘰𝘯 𝘤𝘰𝘶𝘴𝘪𝘯 𝘢𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘮𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘳𝘦𝘱𝘰𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘨𝘦𝘯𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘰𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘣𝘭𝘦̀𝘮𝘦𝘴 𝘮𝘦𝘯𝘵𝘢𝘶𝘹, 𝘦𝘹𝘱𝘭𝘪𝘲𝘶𝘦-𝘵-𝘪𝘭, 𝘦𝘵 𝘮𝘢 𝘮𝘦̀𝘳𝘦 𝘯𝘦 𝘮𝘢𝘭𝘵𝘳𝘢𝘪𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘰𝘯𝘯𝘦. 𝘊’𝘦𝘴𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘤̧𝘢 𝘲𝘶𝘦 𝘫’𝘢𝘪 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥𝘪. 𝘑𝘦 𝘣𝘢𝘪𝘴𝘦 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘭𝘦 𝘮𝘰𝘯𝘥𝘦. 𝘌𝘷𝘷𝘷𝘷𝘦𝘳𝘺𝘣𝘰𝘥𝘺. » Que rajouter de plus?
» 𝘔𝘰𝘯 𝘤𝘰𝘶𝘴𝘪𝘯 𝘢𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘮𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘳𝘦𝘱𝘰𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘨𝘦𝘯𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘰𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘣𝘭𝘦̀𝘮𝘦𝘴 𝘮𝘦𝘯𝘵𝘢𝘶𝘹, 𝘦𝘵 𝘮𝘢 𝘮𝘦̀𝘳𝘦 𝘯𝘦 𝘮𝘢𝘭𝘵𝘳𝘢𝘪𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘰𝘯𝘯𝘦. 𝘊’𝘦𝘴𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘤̧𝘢 𝘲𝘶𝘦 𝘫’𝘢𝘪 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥𝘪 . »
On repart donc vers la toile. Elle est parfaitement branchée sur le tempo américain. Urbaine et déjantée, urbaine et quotidienne, à usage privé et public, sur un mode Warholien, à savoir que la représentation du quotidien, de la normalité la plus totale, ont autant de valeur que celle d’une star dans l’accomplissement de son devoir eucharistique. Et c’est ainsi depuis une vingtaine d’années, sans que le flux d’informations picturales ne tarisse. Il y a quelques mois, la critique d’art du New-York Times, Roberta Smith, le plaçait à la tête de l’avant-garde des « jeunes » peintres américains. Certains en ont profité pour dire qu’ils l’avaient suivi dès le départ.
Taylor se tape sur les cuisses et lâche un « motherfuckiiiig » particulièrement appuyé. Une vaste fumisterie, personne ne parlait de lui, il a fallu attendre ses quarante piges et une série sur les « Black Angelenos in ordinary time » pour qu’on commence à prononcer son nom.
La réalité. Des toiles quotidiennes, dans des scénarios de fiction possible. Son inspiration, dit-il, est dans la file d’attente des Mac Do, dans un fichu squat d’Oakland, sur une route américaine, à l’image de ce gars qui avait écrit sur le pare-brise de sa bagnole: « 𝘑𝘦 𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘢𝘪𝘴 𝘢̀ 𝘥𝘦́𝘻𝘪𝘯𝘨𝘶𝘦𝘳 𝘶𝘯 𝘤𝘦𝘳𝘧. 𝘊𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘫’𝘦𝘯 𝘷𝘰𝘺𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘢𝘴, 𝘫𝘦 𝘮𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘧𝘭𝘪𝘯𝘨𝘶𝘦́. »

Roger Calmé (ZO mag’)
Photos: DR
Du 13 avril au 6 juin, Hauser & Wirth, Somerset, online et sur place
.https://www.hauserwirth.com/…/10068-hauser-wirth-somerset
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