Photographie / Catherine E. McKinley / Visages de la féminité noire / LA FEMME NOIRE QUE JE PENSAIS ÊTRE…

On pourrait dire qu’il s’agit d’un album de famille, dont les personnages seraient inconnus. Au travers de ses pages, on chercherait à se (re)connaître, à se comprendre, à se souvenir, à identifier… Depuis de nombreuses années, l’écrivaine et conservatrice Catherine E. McKinley a entrepris une collection raisonnée des visages de la réalité noire. Hommes ou femmes indifféremment, elle les a rassemblés selon les lieux, selon les époques, les métiers, la liberté ou l’absence de liberté qui étaient les leurs

Né d’un père africain et d’une mère juive, Catherine E. McKinley pose pour départ de cette construction de la mémoire sa propre histoire: « J’ai grandi comme l’un des quelques milliers d’enfants noirs et biraciaux adoptés dans les foyers blancs dans les années 1960-1970. (…) J’ai passé la plus grande partie de ma jeune vie dans le domaine de l’imagination — imaginer, réinventer et me réinventer mille fois en femme noire que je pensais être si j’avais grandi avec ma famille biologique. » En somme de se reconnaître enfin au-delà de la représentation sociétale qu’on lui propose, au-delà de l’époque qu’on lui impose, dans une fiction qui est sa réalité profonde.  Le livre « A Visual History of 100 Years of African Women » tient donc son point de départ ici. Mais il va plus loin ensuite.

L’auteure le dit ainsi dans une récente interview à C& contemporary: « Garder ces archives au fil des ans, et cette prise en charge intime des photographies, tend également à prendre soin de nous-mêmes, de ces autres femmes (photographiées et défuntes, ndr)], et des femmes noires dans le monde entier. Ce projet est vraiment un acte d’amour.« 

« Garder ces archives au fil des ans, et cette prise en charge intime des photographies, tend également à prendre soin de nous-mêmes, de ces autres femmes, et des femmes noires dans le monde entier. »

À partir de là, de nombreuses propositions se superposent. On peut l’observer comme un revival affectif et curieux, comme une nouvelle possession de l’identité donc, mais aussi et c’est un point qui l’intéresse particulière, de contredire cette possession jusque-là réservée aux collectionneurs occidentaux.  » Quelques hommes européens ont contrôlé l’ensemble du récit et les photos. Des images comme celles-ci sont des objets du peuple, et nous avons de plus en plus de conversations nécessaires de décentrer le monde de l’art. » C’est la dimension « politique » de l’ouvrage, de la réapropiriation globale, de la liberté entière, de la mémoire et de sa libre utilisation. « Ces images sont pour les gens, et je veux trouver un moyen de les mettre dans le regard des gens. ».  

The African Lookbook: Une histoire visuelle de 100 ans de femmes africaines, Catherine E. McKinley
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos DR et Catherine E. McKinley 
Interview: https://contemporaryand.com/magazines/catherine-e-mckinley-i-have-gathered-these-images-not-just-for-me-but-for-you/

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