C’est comme un soleil. Ne pas chercher de métaphore compliquée. Un soleil, c’est rond, c’est jaune, ça inonde les choses d’une bienfaisante clarté. Les créations de Mamadou Ballo carburent à cette seule énergie. Ses femmes, ses ciels, ses humeurs, tout est inscrit dans un cercle de lumière chaude, de désir et de gratitude. Il le dit très simplement. « La lumière est une femme. Elle nous donne tout ce dont on a besoin pour vivre, c’est notre mère. »
Il est probable que vous découvriez Ballo, par l’intermédiaire de ses sculptures. Cette évidence ne tient pas seulement au volume qu’elles occupent. Gigantesques certainement, mais rayonnantes, généreuses de l’essentiel, promesse permanente dans cette époque maladive, d’une possible guérison. La femme de Mamadou Ballo soulage les blessures de l’âme, elle nous prend dans ses bras, elle nous emporte dans le sommeil qui est soleil.
Ses sculptures sont donc monumentales. Mais plus encore, elles sont des messages. En y regardant de près, on découvre un grand travail de plasticien. L’usage des journaux, du tissu, de différentes fibres végétales associées au plâtre et à la pâte à papier, confère un vécu puissant à ces corps. Dans ces concentrés d’histoires, l’espace du dehors et la matrice nourricière se mélangent. Faits de la même pâte, mouillés de la même pluie, le corps du dedans et celui du dehors. La biennale de Ouaga (Biso, 2019), puis la galerie Eureka (Abidjan 2020) ont confirmé cette évidence. Dans ces volumes, tient un message tout aussi essentiel. Il est en lumière et en son, en liquide réparateur. Il est un Tout.

La sculpture donc, mais par écho permanent, la peinture qui entretient la conversation. On prend des ingrédients similaires (papiers de récupération et pigments solaires) et on couche sur le papier la sphérique énergie. L’un de ses derniers travaux, « le bain » pourrait être un hommage à Bonnard et Degas. Bouillonnement des gestes et des chevelures, frissonnement du désir et de la lumière, le geste est rapide, la couleur et le mouvement fonctionnent dans un tempo similaire. Plutôt que le jaune, trop violent, il choisit des dégradés de bruns et la délicatesse d’un fond fuchsia, rose rapide comme une eau vive.
« Là, 𝘪𝘭 𝘴’𝘢𝘨𝘪𝘵 𝘥’𝘶𝘯 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥 𝘤𝘢𝘩𝘪𝘦𝘳 𝘥’é́𝘤𝘰𝘭𝘪𝘦𝘳, 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘴𝘦𝘴 𝘭𝘪𝘨𝘯𝘦𝘴, 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘴𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘭𝘰𝘯𝘯𝘦𝘴, 𝘤𝘦 qui 𝘥𝘰𝘯𝘯𝘦 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘶𝘯 𝘳𝘺𝘵𝘩𝘮𝘦 𝘢𝘶 𝘧𝘰𝘯𝘥. 𝘌𝘯𝘴𝘶𝘪𝘵𝘦, 𝘵rè𝘴 𝘳𝘢𝘱𝘪𝘥𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵, 𝘢𝘶 𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘢𝘶, 𝘫𝘦 travaille. 𝘌𝘵 𝘫e co𝘯𝘧𝘪𝘳𝘮𝘦 𝘢𝘶 𝘴𝘵𝘺𝘭𝘰 à 𝘣𝘪𝘭𝘭𝘦, 𝘤𝘦𝘳𝘵𝘢𝘪𝘯𝘴 𝘮𝘰𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘥𝘶 𝘥𝘦𝘴𝘴𝘪𝘯. 𝘊𝘦 𝘴𝘰𝘯𝘵 des 𝘦𝘴𝘲𝘶𝘪𝘴𝘴𝘦𝘴 𝘦𝘯 𝘧𝘢𝘪𝘵, 𝘥𝘦s répétitions 𝘥𝘦 𝘮𝘰𝘶𝘷𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴, 𝘥𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘱𝘦𝘤𝘵𝘪𝘷𝘦𝘴, 𝘲𝘶𝘦 𝘫𝘦 𝘱𝘦𝘶𝘹 𝘶𝘵𝘪𝘭𝘪𝘴𝘦𝘳 𝘢𝘱rès 𝘲𝘶𝘢𝘯𝘥 𝘫𝘦 conçois l𝘢 𝘴𝘤𝘶𝘭𝘱𝘵𝘶𝘳𝘦 ». Une encre, l’accent carbonique d’une mine accentuent la courbe. Dieu que cette femme est belle et qu’il est bon de la surprendre, dans l’intimité de cette rivière.

Mamadou Ballo ne sépare pas les choses. Il ne fragmente pas l’immensité du désir et du plaisir en des proportions mesquines, des aperçus étriqués. La femme est entière. Elle peut être en deux, en trois, en de multiples dimensions. la musique la complète, le dessin et la poésie précisent le trait. « J’aime l’art dans toutes ses composantes. C’est un ensemble de bonheurs. Mon travail est une sorte de danse, dans des expressions diverses qui sont du partage. » Et de suggérer qu’il se prolonge ensuite, hors le cadre de la toile, dans la contemplation de la vie. En cela, l’art est thérapeutique. Il ne relève pas d’un combat, mais d’un état bienheureux. Le spectateur regarde et une douce chaleur l’envahit.

Roger Calmé (ZO mag’)
Photos DR et ©Mamadou Ballo
En collaboration France avec la galerie Kiunga.
Email: galeriekiunga@gmail.com
Tél.: +33 662 90 79 71
Kiunga Galerie (facebook.com)
Ah mais oui l’art est thérapeutique, et « la sorte de danse » comme dit monsieur Ballo se voit dans ses sculptures, oui, oui, oui, c’est magnifique ! Ce doit être génial de les voir pour de vrai, très bonne journée
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De dire, pour que nous changions de couleurs nationales, de toutes les nations d’ailleurs , qu’on nous remplace tout ça par du jaune!
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