En général, ça se passe de cette façon. L’ombre, la proie et le chasseur. La proie est dans la lumière, le prédateur est tapi dans un carré d’obscurité. L’immobilité est parfaite. Ensuite, les choses vont très vite.
Moussa Sawadogo cherche à comprendre cet instant qui est dans l’ « entre ». Ce territoire n’appartient ni à un côté, ni à l’autre. Il n’y a pas de ligne qui les sépare. L’ombre et la lumière sont maintenant ensemble, mêlées, comme le corps du fauve et celui de l’oiseau. C’est ainsi et cela ne dure que quelques secondes. L’ombre, la clarté, le sang, la vie, la mort, la fixité du regard et à nouveau l’immobilité.
Moussa Sawadogo consacre depuis plusieurs semaines plus de temps à la peinture. Et ses questions sont désormais des interrogations de peintre. « Le dessin ne peut plus tenir la peinture prisonnière. Il faut créer dans le tableau des zones qui disent le mouvement de la vie, sa fragilité, le combat qui n’est jamais un temps arrêté. » Ce sont ces dangers qui l’intéressent. La toile engage dès lors un autre dialogue. Elle s’éloigne des zones connues. Elle marche à découvert… et des yeux l’observent.

« Survivre » est un tableau sur le franchissement. La partie supérieure appartient au temps du récit. Elle est arrêtée, comme un décor, à l’image de cette flaque d’or, une éclaboussure de lumière par-dessus les corps.
Et puis il y a le temps du combat. Le fauve jaillit de l’ombre. Une partie demeure cachée, tandis que la mort est déjà là, dans le voisinage des têtes. D’ailleurs, on ne sait plus très bien où elle se trouve? Elle est à la fois dans la déchirure bleue qu’elle inflige et au-dessus de celle -ci, inclinée sur sa proie. Ainsi s’articule la sentence, le passage de la vie à la mort, l’accouplement terrible qui dessine une seule couleur. Bleue comme le ciel de l’oiseau, bleu comme son sang.

« Survivre », acrylique et pigments sur toile. 0, 76 x 0, 65m (2021)
Roger Calmé (ZO mag’)
Photo: M. Sawadogo
Contact: https://www.facebook.com/moussa.sawadogo.79
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