Il est à la fois styliste, plasticien, il compose des textes poétiques, il peint, il assemble… Samson Ssenkaaba « Xenson » est surtout inclassable et d’un tempérament qui n’hésite pas. Il refuse de détourner les yeux. Ses œuvres sont donc là pour le rappeler. Si nous voulons avoir un regard neuf, regardons déjà où nous mettons les pieds. En consacrant une collective à l’Ouganda, la galerie Akka a eu la (très) bonne idée de l’inviter. Quelques questions, sur le temps qui passe et le temps qui vient. Entretien.
Xenson, vous avez dit dans une interview que vous aviez peur de voir les artistes « sans esprit social. » Expliquez-nous leur place dans cette société?
Aujourd’hui, de nombreux artistes ont peur de poser des questions socialement conscientes, en particulier dans de nombreux pays africains. Beaucoup recourent à l’autocensure pour le politiquement correct par crainte de la vengeance de l’État. Ce qui a pour conséquence de priver la création du moment présent, de l’empêcher de capturer l’immédiateté. Cette absence déforme la mémoire future, notre mémoire collective à venir.

En Ouganda, quels sont les sujets sur lesquels vous gardez les yeux ouverts?
Mon travail est toujours socialement engagé. Je regarde avec attention le consumérisme, la circulation mondiale de la culture et je veux prendre position sur l’état environnemental et le changement climatique. Dans la réalité, ceci est conditionné par l’utilisation de matériaux recyclé, des objets mis au rebut et des matières naturelles. En tant qu’artiste multimédia, je travaille actuellement sur un nouveau corpus d’œuvres utilisant des barils de pétrole recyclés. C’est un commentaire sur l’utilisation mondiale des combustibles fossiles, sa politique, son commerce et son impact bien sûr sur l’environnement et le changement climatique.
La mémoire donne du sens à l’œuvre. Dans ton travail et dans ce qui t’entoure, comment la mémoire vient se placer?
Mon travail est profondément enraciné dans mon enfance. C’est elle qui fait l’interface avec ma culture et mes traditions ancestrales. Les connaissances autochtones intégrées dans les proverbes, le folklore, les dictons, les danses, les histoires sont une bibliothèque vivante de souvenirs ancestraux et font partie de mon inspiration. Oui, dans la plupart des travaux, mon point de départ vient de ces souvenirs.
Parlez-nous de vos derniers travaux?
C’est toujours un travail en cours. Expérimenter et rechercher. Les derniers travaux sont une continuation de commentaires personnels sur le discours du recyclage, la politique commercial et le consumérisme. Comme je vous le disais, j’utilise des barils de pétrole recyclés. La complexité du sujet et le paradoxe entourant sa politique.
On parle de plus en plus de l’art contemporain. L’Occident découvre son énergie. Ca vous inspire quelque chose de particulier?
L’art africain a toujours eu la bonne énergie. Il a toujours été brut, avant-gardiste et futuriste, ce n’est donc pas un phénomène nouveau. Je pense que l’Occident est juste en train de se réveiller à cette énergie après de nombreuses années de préjugés et d’omissions. L’art et les artistes africains ont survécu dans les situations les plus complexes et avec un grand intérêt, ils continueront d’exploser, et maintenant sur un rythme plus rapide encore.
Si tu devais résumer ton action à venir ?
L’art doit pouvoir remettre en question le statu quo. Je devrais être capable de refléter ma société et d’ajouter à la mémoire culturelle collective de l’humanité. Je devrais pouvoir informer la postérité à travers mon travail.
Recueilli par RC (ZO mag’)
Photos : DR
Xenson expose actuellement à AKKA Project.
Al Quoz 1 | Unite 8 | First Al Khail Road (Dubai | UAE)
Tél.: +971 56 748 1638
https://akkaproject.com/portfolio/focus-on-uganda-group-exhibition-2/
Le travail de cet artiste dont vous aviez parlé au mois de février est percutant, je ne l’avais pas mentionné la première fois, là j’en profite pour le dire, je le rejoins quand il dit que l’art africain a toujours (quasi souvent) eu la bonne énergie, oui ils continueront d’exploser et d’explorer aussi, son art politique sème des graines, à deux jours du 18 mars, jour anniversaire de la Commune (de Paris), c’est une très bonne énergie pour commencer la journée, merci beaucoup
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